OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 God Save the net http://owni.fr/2012/04/05/god-save-the-net/ http://owni.fr/2012/04/05/god-save-the-net/#comments Thu, 05 Apr 2012 07:33:42 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=104594 "V pour Vendetta" projeté dans la réalité. Avec un peu d'avance sur certaines réflexions sécuritaires françaises, une partie du gouvernement britannique conçoit actuellement un dispositif législatif permettant une surveillance globale et systématique d'Internet. Au nom de la lutte contre le terrorisme, en général. Parce que la terreur est partout, Sir. ]]>

La surveillance généralisée et le contrôle accru des réseaux de communication. Des thématiques décidément à la mode. Dernier avatar de cette tendance en France :  l’annonce par le président-candidat Nicolas Sarkozy de la création d’un délit de consultation des sites faisant l’apologie du terrorisme.

Au Royaume-Uni, les autorités ont poussé le bouchon sécuritaire un peu plus loin. Selon une représentante du ministère de l’Intérieur (Home Office), un nouveau projet de loi est dans les tuyaux. Citée par le Guardian , elle affirme qu’il aura pour objet de lutter plus efficacement contre “les crimes graves et le terrorisme”.

Le mot ici aussi est lâché. Des deux côtés de la Manche, c’est donc la crainte des vilains terroristes qui pousse à une surveillance généralisée du réseau. Et des activités de l’ensemble de ses utilisateurs.

Surveillance généralisée

Les informations qui ont filtré sont pour le moins fragmentaires. Chez Big Brother Watch, association britannique de défense des libertés, Emma Carr, directrice adjointe, nous précise : “Des réunions secrètes ont eu lieu avec des députés ou des représentants de l’industrie”. Avec pour objectif de préparer un projet de loi, qui devrait être présenté lors du discours de la reine le 9 mai. Tradition toute britannique, ce discours fixe en effet les orientations législatives du royaume pour l’année à venir.

L’idée est de mettre en pratique le rêve de toute agence de renseignement qui se respecte : un dispositif de surveillance généralisée et permanente de l’ensemble des communications électroniques et téléphoniques d’une population. Selon Emma Carr, les choses sont plutôt claires: ” ce sont les membres du GCHQ qui sont à la manœuvre”.

Le Government Communications Headquarters (GCHQ), l’une des trois agences de renseignement britannique, spécialisée elle dans la surveillance électronique. Et à ce titre le plus grand service occidental d’interception des communications, derrière la NSA (les “grandes oreilles” américaines). Son slogan, “Maintenir notre société sûre à l’ère d’Internet”, est digne d’un Minority Report , dans lequel l’auteur de science-fiction Philip K. Dick imagine une police omniprésente, qui arrête les criminels avant même qu’ils aient eu l’idée de commettre leur méfait.

Deep Packet Inspection

Si nous n’en sommes pas encore à la prévision des crimes par des humains mutants en état de stase, le gouvernement souhaite se doter d’un système permettant d’accéder à l’ensemble des “données de communication”. Et ce en se passant de l’autorisation d’un juge.

Selon les explications des représentants du gouvernement, le système reposerait essentiellement sur les intermédiaires techniques (fournisseurs d’accès à Internet, opérateurs téléphoniques, hébergeurs). Et permettrait aux renseignements d’avoir accès en temps réel à une sorte de registre de communications de l’ensemble des citoyens de sa majesté. Chat, SMS, mails, appels téléphoniques, tout y serait consigné, ainsi que leurs horaires, fréquences, durées. Pour le contenu des échanges en revanche, une utilisation préalable resterait nécessaire.

En l’état du droit britannique, comme dans la majeure partie des démocraties occidentales, de telles données ne sont accessibles que dans le cadre d’une enquête, et après autorisation du juge. Les derniers chiffres disponibles [PDF] font état de 525,130 demandes en 2009, provenant de multiples autorités dépendant de près ou de loin du gouvernement, dans le cadre du Regulation of Investigatory Powers Act 2000 (RIPA).

Pour les spécialistes du réseau, cette surveillance généralisée d’Internet devrait passer par une technique déjà connus : le Deep Packet Inspection (DPI). Le même type de technologie que celle vendue par la société Amesys à la Libye du colonel Kadhafi.

L’agenda des services

Isabelle Sankey, du lobby de défense des libertés publiques Liberty, voit clairement dans ce projet de loi l’œuvre des services de renseignement :

Quel que soit le gouvernement, les grandes ambitions d’espionnage des agences de renseignement ne changent pas.

Chez Big Brother Watch, Emma Carr pointe également l’opportunisme politique de certains membres du gouvernement : “Les libéraux-démocrates [NDLR: dont le leader, Nick Clegg, est aujourd'hui Vice-Premier ministre] avaient férocement combattu un projet similaire en 2009. Je me demande comment ils vont se positionner au Parlement”.

En 2009 déjà, un projet de loi similaire avait été en effet débattu au Parlement. Introduit par le gouvernement travailliste, il avait été ajourné après une importante mobilisation au sein de la société civile. Des membres du parti de Nick Clegg manifestent d’ores et déjà leur opposition et ont obtenu du Vice-Premier ministre la tenue d’auditions publiques au Parlement. Au cours de son discours d’investiture, le leader des libéraux-démocrates disait d’ailleurs vouloir “enterrer la société de surveillance”.

Les associations de défense des libertés et certains acteurs d’Internet se mobilisent également pour son ajournement. Ces derniers pointent d’ailleurs les difficultés et le coût de la mise en place d’un système de surveillance généralisé. Et les conséquences que cela pourrait entraîner, comme la massification de techniques de contournement. Et Emma Carr de conclure :

L’idée est de faire comprendre qu’un tel projet de loi est tout simplement inacceptable dans une société démocratique.


Photos sous licences creative commons par Dr John 500, Jt Blackwell

Édition photo par Ophelia Noor pour Owni /-)

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Les avocats contestent le contrôle d’identité au faciès http://owni.fr/2011/05/23/avocats-contestent-le-controle-identite-au-facies/ http://owni.fr/2011/05/23/avocats-contestent-le-controle-identite-au-facies/#comments Mon, 23 May 2011 17:31:02 +0000 Pierre Ropert http://owni.fr/2011/05/23/les-juristes-face-au-delit-de-facies/ Un collectif de juristes et d’avocats a l’intention de s’attaquer au délit de sale gueule. Ils souhaitent faire reconnaître le caractère inconstitutionnel du contrôle d’identité. Régi par l’article 78-2 du code de procédure pénale, cette pratique ne permet pas à un juge, à l’heure actuelle,  de connaître le motif du contrôle.

Les avocats sont appuyés dans leur démarche par l’ONG “Open society foundations”, de Georges Soros, milliardaire américain. Le collectif se base en effet sur un rapport publié en 2009 [pdf], intitulé “Polices et minorités visibles : les contrôles d’identité à Paris”. A partir de cette étude, OWNI a réalisé l’infographie suivante :

L’ONG a observé les contrôles de police dans cinq emplacements (situés gare du Nord et à la station de métro Châtelet-Les Halles) et a constaté que les minorités visibles étaient bien plus souvent l’objet de contrôles d’identité. Elle a procédé en déterminant plusieurs groupes :

  • “Arabes” (personnes perçues comme d’origine maghrébine ou du Machrek, y compris kabyle)
  • “Blancs”
  • Et “Noirs” (personnes perçues comme étant d’origine subsaharienne ou antillaise)

Étaient également considérées les “asiatiques” et les “indo-pakistanais”, mais les chiffres se sont révélés trop faibles pour être considérés comme statistiquement fiables.

Les Noirs sont six fois plus contrôlés que les Blancs

D’octobre 2007 à février 2008, les observateurs ont comptabilisé 37.833 personnes présentes sur les lieux à des plages horaires définies (58 % des personnes de la population de référence étaient “blanches”, 23 % “noires” et 11% “arabes”). Puis, entre novembre 2007 et mai 2008, ils ont recueilli des données portant sur 524 contrôles de police aux mêmes endroits et aux mêmes plages horaires.

On réalise ainsi que, malgré une population “blanche” bien plus importante, les probabilités de contrôle d’identité sont multipliées par 6 pour les “noirs” et par 7.8 pour les “arabes”, par rapport aux “blancs”.

Pour changer la loi, le collectif souhaite s’attaquer pendant les deux semaines à venir à chaque affaire où il est question de contrôle d’identité. Ils déposeront systématiquement devant les juridictions de plusieurs villes de France (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Nanterre et Créteil) une Question prioritaire de constitutionnalité.


Avec l’aide de Stanislas Jourdan.

Illustration CC Loguy pour OWNI.fr

Photo Flickr PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification par Neno°.

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Et si la Loppsi censurait WikiLeaks ? http://owni.fr/2010/12/15/et-si-la-loppsi-censurait-wikileaks/ http://owni.fr/2010/12/15/et-si-la-loppsi-censurait-wikileaks/#comments Wed, 15 Dec 2010 15:16:46 +0000 Boris Manenti http://owni.fr/?p=39205 Avec l’instauration d’un filtrage généralisé du web, les sites comme WikiLeaks pourraient passer du statut d’indésirables à inaccessibles.

Alors que la loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieur (Loppsi) revient à l’Assemblée nationale ce mardi 14 décembre, l’article 4 concentre toutes les attentions. Ce dernier instaure le filtrage de sites web. Un filtrage qui pourrait être étendu aux sites gênants pour le gouvernement, tels que WikiLeaks.

La raison d’État

Dans le texte du projet de loi, il est question

[d']empêcher toute connexion à des sites à caractères pédophiles répertoriés par les services de police

Un blocage toutefois vierge de tout contrôle judiciaire.

Une fois instauré, un tel filtrage pourra sans difficulté être étendu. C’est du moins le postulat de la Quadrature du net. “Une fois que la censure du net sera dans les mains du gouvernement, elle sera élargie à d’autres domaines comme la raison d’État”, explique à OWNI le porte-parole du collectif, Jérémie Zimmermann.

Actuellement, le gouvernement se donne beaucoup de mal pour pousser WikiLeaks hors du territoire. “La France ne peut héberger des sites internet qui violent le secret des relations diplomatiques”, a plaidé le ministre de l’Économie numérique, Éric Besson, non sans être taxé de volonté de censure. A l’avenir, la Loppsi pourrait résoudre ce genre de “désagrément”…

“L’extension du filtrage est déjà prévue”

Pour l’heure, le texte de loi prévoit que l’Office de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC) dresse une liste noire de sites à filtrer. Liste transmise ensuite aux fournisseurs d’accès pour blocage des sites, sans jamais passer par une autorité judiciaire.

Mais “l’extension du filtrage est déjà prévue”, avance Jérémie Zimmermann,  “notamment  pour les jeux en ligne et pour les sites de téléchargement illégaux“.

L’autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) a déjà obtenu des tribunaux que les fournisseurs d’accès empêchent les internautes d’accéder aux sites de jeux “contraires à la législation en vigueur”. Quant aux industries de la musique et du cinéma, Nicolas Sarkozy leur a promis d’“expérimenter sans délai les dispositifs de filtrage”. La société civile des producteurs phonographiques (SCPP) aurait même déjà mené plusieurs expériences de filtrage...

I’ll be your mirror

Rassurons-nous, même si un jour WikiLeaks devait être filtré, ses amis et partisans sauront tout mettre en œuvre pour poursuivre la diffusion de “leaks”.Outre les échanges des documents confidentiels via les réseaux peer-to-peer, les Anonymous et autres internautes engagés ont la possibilité de créer une multitude de sites dits “miroirs”. De tels sites permettent, même si le site originel est bloqué, de garder une version toujours accessible puisque abritée par des adresses différentes. Comme quoi, “le filtrage n’est jamais une solution…”, conclut Jérémie Zimmermann.

“Instaurer un filtrage du web, c’est ouvrir la porte à sa banalisation”, conclut Jérémie Zimmermann.

Le filtrage n’est jamais une solution ; le filtrage c’est de la censure

Illustrations CC FlickR par World of Good

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RSF : “Toujours plus de filtrage, de contrôle et de surveillance d’Internet” http://owni.fr/2010/06/24/rsf-toujours-plus-de-filtrage-de-controle-et-de-surveillance-internet/ http://owni.fr/2010/06/24/rsf-toujours-plus-de-filtrage-de-controle-et-de-surveillance-internet/#comments Thu, 24 Jun 2010 10:54:20 +0000 Astrid Girardeau http://owni.fr/?p=20051 Reporters sans Frontières (RSF) lancera demain un “abri anti-censure”, destiné à apprendre aux journalistes et blogueurs “à contourner la censure, sécuriser leurs communications, et conserver leur anonymat en ligne“. Nous les avons interrogé sur ce projet. Et plus généralement sur l’état de la liberté d’expression en ligne en France, et dans le monde.

En quoi consiste l’abri anti-censure ?

Il s’agit d’abord d’un lieu physique hébergé dans les locaux de RSF (1). Y sont mis à disposition trois postes de travail pour les journalistes et blogueurs qui veulent apprendre à protéger leurs communications et conserver leur anonymat. On leur donne accès aux logiciels libres les plus connus, mais aussi à une solution adaptée de VPN gratuit proposée par RSF. Normalement ce VPN, édité par Xero-bank, est payant. Mais dans le cadre de ce partenariat, ils ont accepté de le fournir gratuitement pour les personnes – journalistes, blogueurs, défenseurs des droits de l’homme – considérés comme vulnérables.

Cela fait dix dans qu’on s’intéresse à la question de la liberté d’expression en ligne. Dans de nombreux pays, quand les médias sont sous la coupe du gouvernement, seuls les blogs diffusent des informations indépendantes et objectives. Et il y a une recrudescence de la surveillance d’Internet pour repérer les dissidents et prendre des mesures contre eux. Donc on a pensé que c’était le bon moment pour fournir des outils à ceux qui en ont besoin.

Comment cet accès VPN sera t-il accessible ?

Il sera accessible sur les trois postes, mais on va aussi fournir des clés USB “tout en un” pour que les gens puissent y avoir accès quand ils rentrent dans leur pays. On va également identifier les journalistes, blogueurs et défenseurs des droits de l’homme qui, sur place, dans leur pays, ont besoin de protection, afin de leur faire donner accès à ce service. Cela devrait concerner plusieurs centaines de personnes. Ensuite, on va ouvrir un site Internet qui donnera accès à ce service, mais proposera également une solution d’hébergement pour les contenus censurés. Par exemple des photos ou vidéos censurées qui mettent en cause les autorités, et sont importants pour le droit à l’information. Car leurs auteurs ne savent pas forcément où les héberger.

C’est ce que compte également proposer l’IMMI. Quel est votre regard sur cette initiative ?

C’est une très bonne initiative, et on a appellé le gouvernement islandais à respecter au maximum les engagements pris par le Parlement. Et il est intéressant de voir ce genre de démarches alors que la tendance générale s’inscrit dans l’opposé. Partout dans le monde, les gouvernement vont vers toujours plus de de filtrage, de contrôle et de surveillance d’Internet, les législations vers des lois liberticides. Pour l’IMMI, ils ont travaillé de manière étroite avec WikiLeaks, qui montre à quel point il est crucial d’avoir une protection des sources.

A propos d’anonymat, que pensez-vous de la proposition de loi de Jean-Louis Masson ?

C’est une proposition de loi complètement absurde. et qui démontre une méconnaissance d’Internet en général et des blogs en particulier. Beaucoup de bloggeurs ne s’exprimeraient pas de la même façon si leur nom était connu. On pense à maître Eolas, mais aussi par exemple à des malades du sida qui témoignent anonymement. Dans une émission, interrogé sur le cas d’un malade du sida, Jean-Louis Masson répondait “Pourquoi il veut témoigner ? Ça n’est pas ça qui va le faire guérir !”. Cela témoigne aussi d’une méfiance générale du gouvernement vis-à-vis des blogueurs. Alors qu’il est parfaitement possible, dans le cadre d’une action judiciaire, de remontrer via l’hébergeur à un blogueur qui a commis un acte illégal au regard de la loi française.

Comment voyez vous l’évolution de la liberté d’expression en France  ?

La France a le record européen en termes de mises en examen et de perquisitions. Ca n’est pas très glorieux. Il n’y a qu’a voir l’histoire d’Augustin Scalbert. Cette multitude de pressions et de mises en examen crée un contexte qui n’incite pas les sources à vouloir révéler des contenus sensibles et d’intérêt général. Et donc pas très proprice au journalisme d’investigation basé sur des sources fiables qui ont besoin d’un climat de confiance. D’ailleurs le 18 juin, on a lancé un appel pour la presse libre, pour appeller les journalistes et les citoyens à resister.

(1) L’abri est situé 47 rue vivienne, 75002 Paris. Il sera ouvert de 10h à 18h, du lundi au vendredi. Une réservation par mail est demandée  : abri@rsf.org.

Nos confrères de Mediapart ont interviewé Jean-François Julliard, le secrétaire général de RSF. Il revient sur l’évolution des missions de l’association, en particulier les changements qu’Internet a provoqués.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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http://owni.fr/2010/06/24/rsf-toujours-plus-de-filtrage-de-controle-et-de-surveillance-internet/feed/ 16
Sur Internet, on n’envisage pas l’anonymat http://owni.fr/2010/05/27/sur-internet-on-n%e2%80%99envisage-pas-l%e2%80%99anonymat/ http://owni.fr/2010/05/27/sur-internet-on-n%e2%80%99envisage-pas-l%e2%80%99anonymat/#comments Thu, 27 May 2010 15:34:18 +0000 Reversus et Vogelsong http://owni.fr/?p=16735

Une autre saillie contre le net. Cette fois-ci contre les blogueurs. L’attaque est portée par J.L. Masson, sénateur mosellan de son état qui souhaite ni plus ni moins, réviser la loi du 21 juin 2004 sur la confiance dans l’économie numérique.

La croisade d’un « allumé de première »

Son objectif : mettre un terme à l’anonymat des blogueurs en obligeant ces derniers à se plier aux mêmes contraintes que les éditeurs de sites professionnels. Nom, prénom, numéro de téléphone, toute cette batterie d’infos devra désormais être visible si cette proposition de loi passe

La charge est rude et on peut légitimement s’interroger sur les raisons d’une telle croisade. J.L Masson souhaiterait-il se faire un nom ? Il est décrit comme un « allumé de première », un franc-tireur manifestement capable de s’engouffrer dans ce genre de combat en solo. Soit, après tout pourquoi pas, il est vrai que depuis 2004 J.L Masson n’appartient plus à l’UMP, et à plusieurs reprises il n’a pas hésité à faire entendre une voix discordante au sein de la majorité. Néanmoins, étant donné le ramdam qu’a provoqué cette proposition de loi, on ne peut que s’étonner du mutisme qui règne au sein des rangs de l’UMP.

Surtout que, volontairement ou non, cette polémique s’inscrit dans un processus plus large de dénigrement systématique du web. Bien que l’on voit mal comment un tel dispositif pourrait être réalisable (héberger son blog à Palo Alto est désormais à la portée de n’importe quel internaute quelque peu débrouillard), des élus de la République continuent de fantasmer sur le contrôle total de la société. Ici le vieil adage : « on a peur de ce que l’on ne connaît pas » prend tout son sens.

Il s’agit ici d’une tentative des gens de pouvoir de conférer une réalité à une menace potentielle. Une menace qui déclenche une lubie (encore une) d’un sénateur incompétent sur le sujet. Récemment, E. Kaspersky s’était prononcé pour la création d’un passeport digital pour lutter contre l’anonymat sur le web, J.L Masson n’est malheureusement pas au même stade de réflexion.

On peut donc s’interroger sur les raisons de cette attaque contre une activité non constituée, versatile, et finalement si peu influente ? Une erreur, sans doute.

Presse/Blog analogie inepte

Au comble de l’ignorance, le député Masson fait l’analogie avec ce qui lui tombe sous la main, c’est-à-dire la presse. Comme si ce modèle de droits et de devoirs pouvait s’appliquer aux blogs. Lorsqu’un journaliste gagne de l’argent avec sa signature (son nom), le blogueur peut, lui, en perdre. Ce que monnaye le journaliste c’est sa plume, son réseau, contre un salaire dans une entreprise qui lui permettra de publier ses articles (modèle théorique parfait). Il en va tout autrement pour le citoyen internaute.

Décrire la réalité crue et ennuyeuse d’un open-space peut lui coûter son poste. Pointer les turpitudes de ses élus pour un électeur de base peut avoir certaines répercussions domestiques. Dans ce cadre, l’anonymat (supposé) du blogueur est la dernière défense face à l’arbitraire des groupes constitués. Si le journaliste, normalement, dispose d’une structure économique et légale pour faire paraître l’information en s’affranchissant des pressions (encore le modèle théorique), le blogueur n’en bénéficie pas. Mais le sénateur J.L. Masson semble l’ignorer.

Parfois, l'anonymat a du bon

Sélection naturelle

Le pleutre se camoufle pour commettre ses méfaits. C’est un peu en ces termes que tenants du « bon sens » s’attaque au problème. C’est encore très mal connaitre l’écosystème du net. Si le cas C.Bruni/B. Biolay fut une dérive de la rumeur, il reste circonscrit, précis. Mais au contraire J.L Masson érige ces micro-exceptions en cas d’école. Au micro de J. Martin de Rue89, il affirme que : «  régulièrement, on a affaire à des gens qui se livrent à des propos diffamatoires, injurieux » sur le web…

Mais c’est très mal connaître la blogosphère qui fonctionne cruellement par sélection naturelle. Diffuser une fausse information une fois peut passer. Ensuite c’est l’éjection. Avec ou sans anonymat. D’autre part, c’est oublier  que la fausse rumeur est relayée par des médias de masse. Qui sans eux serait circonscrite au microcosme. Se pose alors la question de savoir, qu’est-ce qui coince ? La peur de la rumeur diffamatoire, pour la mise en exergue d’informations déplaisante, mais vraie comme le cas Hortefeux ?

L’anonymat, une furtivité

L’anonymat sur internet est une entreprise éprouvante. Il faut du matériel, des connaissances pointues et être méticuleux. Un travail à plein temps. Ce qui est en jeu relève plutôt de la furtivité. La faculté de rester discret et de dire des choses avec l’impression (seulement) qu’une certaine difficulté à être identifié désinhibe. L’expérience montre que les dispositions contre la diffamation existent déjà.

Mais il ne faut pas se méprendre, dans le cas (extrême) de l’atteinte à la sécurité nationale, le débat sur l’anonymat relèvera du folklore. Il est hautement probable qu’il faudra moins d’une demi-heure pour localiser précisément le rédacteur d’un blog « dangereux ».

Et c’est encore mal connaitre cet univers paradoxal fait de discrétion et d’égo démesurés. Garder l’anonymat, tout en voulant être influent. Les blogueurs participent à des évènements politiques, mondains, investissent certaines fois l’Assemblée nationale ou le Sénat. Ils s’érigent en influents, se gargarisent des classements. Aiment être connus. De cet univers nombriliste, certains en ont fait un business. Dès lors, ces marchands du temple n’ont pas mis longtemps à s’élever pour protéger l’anonymat des blogueurs.  À défaut de pouvoir se fédérer, les blogueurs s’en remettent à des boucliers mercantiles.

Finalement J.L Masson répond involontairement à une aspiration inassouvie, la quête d’influence. Un fantasme qui perdure depuis des années auquel cette loi répond de la plus belle manière. La blogosphère se réjouit, si le pouvoir se met à craindre les blogueurs, c’est qu’ils ont donc une influence, une légitimité. Le web ayant pour vocation de devenir tôt ou tard le lieu central du débat public

> Article initialement publié sur Piratage(s) et Reversus

> Photos CC Flickr par JacobDavis

Cet article a fait l’objet d’une mise en page spéciale afin de célébrer la première intégration d’un “arbre de perles” sur la soucoupe >

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http://owni.fr/2010/05/27/sur-internet-on-n%e2%80%99envisage-pas-l%e2%80%99anonymat/feed/ 1
Le web chinois, un énorme intranet ? http://owni.fr/2010/05/04/le-web-chinois-un-enorme-intranet/ http://owni.fr/2010/05/04/le-web-chinois-un-enorme-intranet/#comments Tue, 04 May 2010 15:20:46 +0000 Eric Scherer http://owni.fr/?p=9799 Pas si simple ! … C’est vrai, en référence à la fameuse Grande Muraille de Chine, les blogueurs chinois parlent souvent du “Great Firewall”, qui entoure -ou protège- leur Internet, le transformant de facto en… intranet géant. Mais, comme souvent, la réalité est plus complexe :

> Comment expliquer, par exemple, que Danwei, site produit en anglais depuis Pékin sur les médias et la pub, soit bloqué depuis la Chine, alors que son fondateur, le Sud-Africain Jeremy Goldkorn, conseille le gouvernement Chinois en matière d’Internet?

> Pourquoi les blogueurs chinois se moquent-ils volontiers de Google, qu’ils jugent très naïf de croire qu’il va parler politique avec Pékin? “La vérité, c’est qu’ils s’en fichent! Ils utilisent Baidu, pas Google!”, m’explique Gang Lu, qui dirige, entre autres, Mobinode, blog sur la high tech d’Asie depuis Shanghai.

> Comment généraliser sur des Chinois, qui, pour les uns, versés dans les nouvelles technologies, urbains et vivant près des côtes, sont frustrés par « le Grand Firewall » mais qui cohabitent avec d’autres, qui n’ont jamais été particulièrement gênés par ces blocages et qui s’en moquent » ? souligne Kaiser Kuo, de la firme Ogilvy.

« La réalité aussi, c’est que la scène web chinoise est aujourd’hui en pleine effervescence et n’a pas grand chose à envier à l’américaine ou l’européenne, à condition … de rester dans un certain cadre”, me précise l’américain Bill Bishop, qui écrit, depuis Pékin, le blog DigiCha sur les nouveaux médias en Chine.

Une chose est sûre : comme à San Francisco, Londres ou Madrid, l’usage des nouveaux médias sociaux est ici massif. Les blogs, le microblogging, les jeux et les vidéos en ligne sont plébiscités par les quelque 400 millions d’internautes de Pékin, Shanghai ou Canton…

Ici, Youku est un clone de YouTube, Kaixin001 l’équivalent de Facebook et QQ la messagerie instantanée la plus populaire, au sein du portail Tencent, devenu la plus grande plate-forme de médias sociaux de Chine, avant même Yahoo!

Le plus grand portail chinois Sina a lancé un clone de Twitter, inaccessible, lui, depuis la Chine (sauf via un VPN ou un smart phone occidental). A noter aussi un format local original d’expression en ligne pour le public, encore plus répandu que les 60 millions de blogs: le “BBS” (Bulletin Board System).

“Il n’est pratiquement plus possible de cacher quelque chose d’important en Chine (….) Le gouvernement de Pékin ne peut pas empêcher quelqu’un de télécharger un document, au moins une fois, quelque part”, estime Jeremy Goldkorn, qui souligne que les blogs ont été utiles, ces dernières années, pour exposer de nombreuses affaires locales.

“L’Internet a ainsi permis à des citoyens internautes chinois de dénoncer des responsables corrompus. Le gouvernement laisse faire tant que les personnes incriminées n’ont pas un rang trop important”, ajoute Bishop.

Le site populaire ChinaSmack, basé à Shanghai, s’en fait souvent l’écho en anglais, tout comme le blog EastSouthWestNorth ZonaEuropa, depuis Hong Kong, qui traduit des journaux et blogs chinois. L’humour y est souvent un bon moyen de détourner la censure.

“L’Internet est le lieu unique d’expression publique en Chine et est jugé plus fiable que les médias officiels”, rapporte un journaliste occidental en poste depuis longtemps à Pékin.

Même le Premier ministre Chinois se soumet, comme la semaine dernière, à des “chats vidéo” en ligne.

Sur le web, les news plus générales restent, elles, du domaine des grands portails, qui les produisent ou les distribuent, à l’image des premiers d’entre eux, Sina, NetEase ou Sohu. L’information est gratuite partout, d’autant que les médias sont très largement subventionnés par l’État, achetés par les millions de cadres du parti, que la loi autorise la reproduction des articles, et que la lutte contre le piratage est extrêmement difficile (même si récemment de gros efforts internes ont été mis en œuvre pour mieux respecter les droits d’auteur).


Business Models

En Chine, l’avenir de la monétisation de l’information en ligne semble passer par des abonnements mensuels ou des micro-paiements: déjà quelques magazines de mode se font ainsi rémunérer (en version pdf améliorée), via des sites très populaires de littérature et de jeux en ligne, comme Shanda, où les gens paient. La vente d’objets virtuels, liés à des jeux ou des contenus connait aussi ici un très fort développement.

L’internet sur téléphone mobile, plus naturellement lié à des paiements, est en plein essor. La 3G n’est opérationnelle que depuis 2009 et des smart phones sont disponibles à moins de 100 euros. Enfin, la publicité sur Internet commence à décoller (déjà environ 2 milliards $).


Mais de grandes différences subsistent entre le paysage média chinois et celui d’Amérique du Nord et d’Europe:


»Les médias traditionnels chinois (papier, radio, TV) restent florissants, même si les jeunes ne lisent quasiment pas les journaux et regardent de moins en moins la télévision.

»Les Asiatiques de l’Est sont très à l’aise avec les technologies (notamment mobiles où ils dévorent la littérature) mais l’innovation reste un problème.

»Les journalistes chinois ont rapidement adopté les blogs, y voyant un moyen de s’exprimer un tout petit peu plus librement.

»Le rôle de l’État est énorme, dans le soutien économique des médias, comme dans leur contrôle.

« The Great Firewall »

C’est vrai “l’environnement web chinois est très hostile et très censuré, mais pas plus qu’avant”, estime Jeremy Goldkorn.

Ce fameux contrôle, explique Bishop, s’exerce de plusieurs manières:

» un blocage technique très sophistiqué de sites, d’articles de certains sites (notamment de la presse étrangère), de billets de blogs, ou de commentaires.

» un processus d’ouverture de site, blog ou d’écritures de commentaires très tatillon, puisqu’il faut s’engager à ne rien publier d’illégal ou de sensible (une liste de mots interdits serait disponible).

» un mécanisme très efficace d’auto-censure généralisé.

Reste à voir, comme le prévoyait il y a quelques années, en privé, un expert en télécommunications de la Banque Mondiale à Washington, la Chine — qui est à elle seule tout un monde– ne va pas finalement se contenter de développer son propre Internet, de plus en plus séparé du notre. Avant peut-être de convaincre d’autres pays de l’utiliser ou d’imiter son modèle, comme dans d’autres secteurs.

D’ici là, comme la fameuse Grande Muraille, pleine de trous et parfois faite de terre, n’a pas empêché les invasions Mongoles, l’Internet chinois est encore perméable et la tentation est grande aussi pour les grandes compagnies du pays, sans dettes, très rentables et pleines de cash, d’aller faire des emplettes à l’extérieur de l’Empire du Milieu. Aux Etats-Unis par exemple…

Après tout, les Pékinois, cet hiver, se sont rués dans les salles pour aller voir “Avatar” et ont boudé ….”Confucius”.

(ps: Facebook, YouTube, Twitter n’étaient pas accessibles depuis l’Internet chinois en cette première semaine de mars 2010).

Le bureau du Times de Londres dans le parc Ritan au centre de Pékin

> Article initialement publié sur AFP Mediawatch

>Illustrations CC par Grumpy.Editor, The man with the golden cam

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Utilisateur reprendre contrôle http://owni.fr/2010/04/29/redonner-le-controle-aux-utilisateurs/ http://owni.fr/2010/04/29/redonner-le-controle-aux-utilisateurs/#comments Thu, 29 Apr 2010 15:10:02 +0000 Nicolas Kayser-Bril http://owni.fr/?p=13932 Les réseaux sociaux, c’est de la balle! Les 26 millions de Français utilisateurs de Facebook y passent en moyenne 4 heures par mois (source Nielsen). Nos chers compatriotes passent désormais quasiment 10 fois plus de temps sur Facebook qu’à l’église (source La Croix/IFOP).

Pourtant, la firme de Mark Zuckerberg a tendance à traiter ses utilisateurs avec une insoutenable légèreté. Jusqu’à ce que le New York Times s’empare de l’affaire en 2008, il était plus facile de convaincre un athée de l’existence de Dieu que de se désinscrire de Facebook. Même aujourd’hui, la procédure de suppression d’un compte dure près de 14 jours!

Suicide 2.0

Si les autres réseaux sociaux permettent de supprimer son compte plus facilement, l’utilisateur n’a pas de garantie que l’intégralité de ses données soit effectivement détruite, et non pas conservée sur tel ou tel serveur.

Face aux difficultés que rencontrent les utilisateurs désireux de quitter ces services, plusieurs sites ont été créés pour aider au suicide2.0. Seppukoo.com et suicidemachine.org proposent de supprimer un à un tous les éléments de votre identité virtuelle sur Facebook, Twitter, MySpace ou LinkedIn.

Piqué à vif par ce qu’il a considéré comme une attaque directe, Facebook s’est empressé d’envoyer des lettres de mise en demeure aux deux  sites. Résultat, Seppukko.com ne fonctionne plus et Facebook interdit aux serveurs de suicidemachine.org de se connecter au site.

Gérer ses status updates

Surtout, ces deux services ont une approche trop maximaliste de la gestion des données. C’est tout ou rien. Nous voulons développer un outil permettant aux internautes de gérer les contenus qu’ils ont déposés sur les réseaux sociaux.

Chaque semaine, les utilisateurs de Facebook publient 5 milliards de contenus (statuts, images, liens etc.). Twitter, avec ses 350 millions de tweets hebdomadaires, fait pale figure en comparaison. Parmi cette avalanche de contenus, tout n’a pas vocation à être conservé sur des serveurs pendant des années.

Imaginez que vous ayez publié ça sur Facebook à l’époque où c’était un réseau social pour jeunes cools (2007) :

Mais voilà, aujourd’hui, Jean-Édouard Mouloud c’est votre boss et votre ami Facebook. Le jour où Facebook permet à tout le monde de chercher dans les archives des statuts et que Jean-Edouard fait une recherche sur son nom, vous êtes sacrément dans la merde.

C’est pour cette raison que nous voulons créer un logiciel permettant de naviguer dans ses propres archives et de supprimer les contenus qu’on veut.

.exe’s not dead!

Coder un tel programme présente de nombreux obstacles. Afin d’éviter de se faire blacklister par Facebook et que nos serveurs se voient interdire l’accès au site, il est indispensable que le programme tourne sur la machine de l’utilisateur.

Pour une utilisation souple de l’app’, il faudrait stocker les données des internautes dans une base de données. Afin d’éviter toute atteinte à la vie privée, il vaut mieux que cette base soit hébergée par l’internaute lui-même. D’où l’intérêt de créer un programme à installer sur la machine de l’utilisateur plutôt qu’un service en ligne.

Netcrawler propose un Facebook Cleaner en Ruby permettant de supprimer toutes ses infos sur le site. En s’inspirant de ce script, il devrait être possible de coder une app’ qui permettra aux 400 millions d’utilisateurs de Facebook ou des autres réseaux sociaux de retrouver un peu de contrôle sur leurs contenus.

Bourbier juridique

Face aux problèmes juridiques, les questions techniques seront simples à régler. Les conditions d’utilisations du site stipulent bien que les utilisateurs ne peuvent utiliser une machine pour accéder au service et que l’on ne peut aider les utilisateurs à le faire.

A la fois le codeur et l’utilisateur de l’application seront susceptibles de se faire poursuivre par Facebook. Et les avocats du géant californien ont montré qu’ils n’étaient pas des rigolos.

Alors que même le gouvernement parle de droit à l’oubli numérique et que la protection des données personnelles devient un enjeu majeur, il nous semble nécessaire de prendre le risque de ne plus avoir d’amis.

Toutes contributions pour transformer ce projet en réalisation sont les bienvenues! Ce que vous pouvez apporter:

  • Des compétences en développement d’applications côté client.
  • Des conseils juridiques.
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http://owni.fr/2010/04/29/redonner-le-controle-aux-utilisateurs/feed/ 6
Censure de l’Internet: la parodie qui dit tout http://owni.fr/2010/04/27/censure-de-l%e2%80%99internet-la-parodie-qui-dit-tout/ http://owni.fr/2010/04/27/censure-de-l%e2%80%99internet-la-parodie-qui-dit-tout/#comments Tue, 27 Apr 2010 17:50:30 +0000 Cyroul http://owni.fr/?p=13639 De multiples gouvernements et hommes politiques dans le monde se sont aperçus qu’Internet était dangereux. Certes, ça peut aider à faire gagner des élections, mais trop de liberté, de libre expression risque à long terme de provoquer des effets indésirables sur des industries centenaires. Alors la solution s’impose d’elle-même : censurer l’Internet en installant des systèmes de surveillance permettant d’interdire les sites non-autorisés.

Pour faire comprendre cela à ses électeurs, il suffira de quelques campagnes de publicité autour du piratage ou quelques rumeurs fausses sur la pédopornographie (ça marche bien ça la protection des enfants). L’objectif : faire peur aux internautes débutants pour mieux les contrôler.

Allez, voilà une petite vidéo décalée qui nous présente la situation via un produit dont le nom résume à lui tout seul le discours politique actuel : Cleanternet.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

> Article initialement publié chez Cyroul

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L’internationale hadopienne… http://owni.fr/2010/03/04/l%e2%80%99internationale-hadopienne%e2%80%a6/ http://owni.fr/2010/03/04/l%e2%80%99internationale-hadopienne%e2%80%a6/#comments Thu, 04 Mar 2010 06:57:38 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=9384 514221118_cfb9d54f01

Dans un mouvement désormais de plus en plus étendu à l’Europe, de la Suisse à l’Angleterre en passant par la Belgique et la liberticide France, Hadopi n’en finit plus de mettre au monde des rejetons illégitimes visant toujours plus à porter atteintes aux libertés sur le Net. Dernier petit bâtard légaliste en date : la perfide Albion le sera de plus en plus elle qui, dans un mouvement unificateur avec ses voisins européens souhaite filtrer les hotspots…

Le wifi ouvert va vite devoir la fermer… A l’instar du Net en général, si la portée des dispositifs légaux poursuit sa route inexorable, ils lutteront contre la Netopie et l’anarnaute lambda revendiquant ses libertés sur ce réseau mondial, par définition difficilement contrôlable.

Pourtant, à en croire les velléités des législateurs, prendre des prétextes criminels pour légiférer demeure pertinent et nécessaire. Faire taire un espace de libertés, d’expression, où les opinions s’expriment largement apparaît plus que jamais fondamental pour éviter les buzz délétères.

De fait, donc, le Royaume Uni ne s’attaquera pas directement aux Pirates du Web mais plutôt aux abonnés en mettant en place sa version anglaise de la riposte graduée. Ne sachant pas bien où donner de la matraque, les projets de loi préfèrent taper large, tirer dans le tas, au cas où… En balançant des milliers de mails, en coupant de milliers de connexions jour après jour, avec un peu de bol, on finira bien par choper un vilain criminel diffusant deux chansons de Chantal Goya et portant atteinte à la création française, ou anglaise, en l’occurrence.

Le propriétaire de l’accès internet libre, ce fameux hotspot, deviendra donc coupable, lui aussi. Bibliothèques, écoles, universités, entreprises seront donc en première ligne. Il sera coupable de n’avoir pas sécurisé son accès. Mais… le but d’un hotspot libre n’est-il pas justement d’être libre pour permettre aux internautes d’avoir accès au web où que l’on soit ?

Comment réagiront Free et SFR wifi avec leurs propres hotspots, si tant est que la France s’amuse à prendre les mêmes mesures ? Se dénonceront-ils eux-mêmes aux autorités dans une réelle volonté suicidaire de constater que sur leurs Hotspots les téléchargements sont illégaux, et de transmettre à la justice les informations permettant de confondre les pieds nickelés du Web ?  Sécuriseront-ils à outrance ?

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De plus, s’attaquer aux abonnés est tellement facile pour une justice qui nulle part ne se donne les moyens d’agir ! Pas de perquisitions, pas de disques durs à fouiller, pas d’interrogatoires. Présumer quasiment coupable est tellement plus simple. Si on devait mettre en taule tous les téléchargeurs d’au moins un fichier illégal, autant construire tout de suite des murs autour du pays, des villes, on ne sait jamais et planter un drapeau Chinois sur l’Elysée ou sur Buckingham, ce serait plus rapide.

J’ai toujours eu envie de n’être coupable de rien et d’être lourdement condamné au motif qu’il n’y a pas de motif. La justice est tellement logique qu’elle en devient anti-démocratique et anticonstitutionnelle dans les faits ! Belle régression vers un régime merveilleusement libre et émancipant les peuples.

Les flics aux carrefours des proxys, aux ronds-points des torrents, ça vous décore agréablement un paysage d’une nation libre. Autant qu’un nain de jardin… avec la même pertinence décorative et la même présence délicieusement rassurante. Le Tonfa virtuel fera peut-être moins mal que la matraque IRL mais elle fera au moins autant si ce n’est plus de dégâts sur les citoyens surveillés.

Pour revenir sur les terres d’Elizabeth 2, le Department for Business Innovation & Skills, le BIS, se demande si tout organisme d’Etat ou privé laissant libre d’accès son hotspot ne deviendrait pas de fait un FAI… ou s’il doit rester simple abonné. S’il est FAI, il lui faut balancer les IP des connectés à son spot, sinon, une bibliothèque pourra se voir couper l’accès au Net, ce qui est somme toute parfait pour empêcher l’accès à l’information, idem dans une école, une université ou une entreprise.

Sans être parano, tout cela s’assimile aussi à une réelle volonté de mettre sous contrôle les échanges d’infos ou simplement l’accès à l’information. Belle démonstration de potentielle censure par destination de la part des démocraties.

Autre tendance de cette loi : ne créer aucune exemption pour ne pas favoriser l’installation de faux hotspot destinés uniquement au téléchargement illégal… ou de l’usage de la paranoïa et de la présomption de culpabilité révèle Zdnet.UK dans un document troublant, inquiétant.

Qui plus est, puisque pour éviter tout problème, il faut faire reculer le Net de 10 ans, il serait envisagé de configurer les firewalls pour interdire l’accès au P2P, aux sites intégrant du Flash, etc. De quoi permettre aux internautes de vivre l’ère délicieuse du Web 1.0…

Pendant ce temps là… en France…

… Hadopi laisse une relative ouverture aux Hotspots. La riposte graduée s’appliquera en dernière mesure mais il sera, au préalable, possible de sécuriser la connexion sous l’égide de dispositifs officiels signés Hadopi…. Cela évitant au final de couper les Hotspots d’entreprises ou d’institution… Pour une fois, la mesure semble pertinente… mais la sécurisation étant floue, et la liste blanche de la commission hadopi autant sélective que restrictive… il va de soi que les possibilités d’accès seront excessivement bornées…

Hadopi montre une fois encore ses limites… Hadopi montre encore une fois qu’elle s’avère inapplicable… faudra-t-il fliquer chaque réseau ouvert pour vérifier ce que chaque internaute y fait ? Le nombre de site consultés, le nombre de connexion aux hotspots par jour, par heure, augmentant constamment, la surveillance devient pratiquement impossible.

Le législateur risque de se voir confronté à cet état de fait très rapidement, y compris sur des réseaux domestiques non sécurisés, ce qui sera un élément à charge de plus contre ce dispositif sécuritaire inique, infondé, inapplicable à ce jour faute de décret d’application.

Résister à cette loi est donc toujours d’actualité. /-)

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Illustration FlickR CC d’arcy norman

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Passage à l’ACTA ? http://owni.fr/2010/02/01/passage-a-l%e2%80%99acta/ http://owni.fr/2010/02/01/passage-a-l%e2%80%99acta/#comments Mon, 01 Feb 2010 17:35:19 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=7508 Quand la blogosphère technophile ou geek frémit, le net s’éveille. ACTA. ACTA est sur toutes les lèvres, tous les blogs, tous les posts techno… 39 Etats tendent à vouloir s’entendre pour prendre des mesures pour lutter plus efficacement contre la contrefaçon. Depuis le mardi 26 janvier, au Mexique, les discussions vont bon train. Le piratage des biens culturels rentre toujours plus dans le cœur des débats. Loppsi 2, Hadopi 2, Zelnik, la décision italienne de mettre sous coupe réglée les blogueurs trop zélés dans leur lutte contre le gouvernement … les outils liberticides ne manquent pas pour surveiller le Net.

Voilà maintenant que l’on nous sert sur un plateau ACTA…

L’inquiétude est grande face à cet Anti-Counterfeiting Trade Agreement. Les discussions en cours devant mener à la ratification de cet Accord commercial Anti-Contrefaçon posent pour de nombreux blogueurs les raisons d’une lutte aussi ardue que celle menée contre Loppsi 2 (revenant sur la scène publique de plus en plus vide de sens) ou Hadopi 2.

Si le rapport Zelnik se mettait en place dans le plus grand secret, il en va de même pour cet Accord classé Secret Défense, pratiquement … Le culte du secret d’accords concernant l’ensemble des internautes ouvre toujours la porte à toutes les rumeurs, plus ou moins fondées, à toutes les spéculations, plus ou moins basées sur des faits réels.

Il est patent que dans cette affaire, de nombreux pays tels l’Australie, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande, le Mexique, la Jordanie, le Maroc, Singapour, les Etats-Unis, l’Union européenne, la Suisse, le Japon, les Emirats Arabes Unis et le Canada, essaient de s’accorder depuis 2007. Autant dire l’ensemble des pays développés. L’ensemble des pays dans lesquels les internautes, en massent téléchargent, piratent /-) et font parfois fi des droits d’auteurs.

Rappels

Ce traité incluant les droits d’auteur, entre autres, poserait donc les bases d’une nouvelle réglementation web internationale. On peut donc se poser la question de savoir si ACTA mettra plus ou moins le net sous surveillance à la façon de l’inapplicable Hadopi en France.

La «puissance» de la Hadopi a pu en effrayer, ce ne fut guère le cas du réseau des Pirates, et ce que l’on sait le l’ACTA n’est a priori guère plus effrayant. Le Net ne semble pas devenir le télécran d’Orwell à la vue des infos qui filtrent des débats et des entretiens menés par ces pays ou ces organisations.

L’un des principaux but de cet accord sera l’harmonisation de la manière dont les États fortement connectés et ceux qui vont l’être toujours plus pourront lutter contre la contrefaçon on-line de films, vidéos, musiques, livres, bref de l’ensemble des biens culturels, mais aussi de lutter contre les expressions plus classiques de la contrefaçon : mode, médicaments, pièces automobiles, etc… Le délit de contrefaçon existe, quoi qu’il en soit, déjà dans le dispositif hadopi 2 en France…

Parmi les mesures clairement identifiées par les documents laissés à «disposition» par l’UE :

> L’obligation pour les FAI de mettre à mal la loi Informatique et Libertés, entre autres, en fournissant sous mandat judiciaire l’identité de l’internaute et son IP … la suspicion risque de s’étendre à nombre d’internautes. De plus, les amateurs de gestion de proxy savent déjà passer outre les barrières que ces lois ou accords veulent mettre en vigueur…

> Les ayants-droits pourraient avoir accès à nos données personnelles sans passer par la case justice … ce qui sur les terres d’Hadopi relève du cynisme le plus odieux.

> Les douaniers pourront débarrasser les voyageurs de leurs ordinateurs, de leurs MP3 ou DDE contenant des fichiers pirates. S’il ne fait aucun doute que ce soit techniquement faisable, quid du respect de la vie privée ? De fait, prévoir du temps lors des passages aux frontières si vous avez un DDE de 1To!! Pour les vols vers les Etats-Unis, prévoir deux jours avant l’embarquement !

> Les sanctions pour la violation des DRM seront accrues

De fait, l’ACTA a priori veut avant tout faire peur. Elle se veut dissuasive. Mais chaque mesure énoncée ne peut être systématisée, faute de quoi, on ne peut plus vivre, échanger, parler, se déplacer. Ou alors, il suffira de ne plus avoir de matériel techno sur soi… à tout le moins de les alléger de leurs contenus piratés. De plus, il est patent que fouiller tous les disques durs y compris externes et les MP3 de la planète lors des passages aux douanes relève de la gageure. Qui plus est, il paraît difficile de prouver que tel ou tel fichier est piraté à moins d’avoir sur soi toute sa CDtèque, DVDtèque… les suppléments bagages vont s’accumuler dans les aéroports …

Secret ≠ paranoïa

Ce qui pose ouvertement problème, c’est la criminalisation du téléchargement et encore une fois des mesures qui vont à l’encontre de la logique technologique que nous connaissons tous.

Mettre dans le même accord sous le même blanc-seing judiciaire et policier un médicament pouvant être mortel, un sac à main et un fichier MP3 pose tout de même question. Le rapport de moyens à fin n’est-il pas totalement délirant? L’objet du délit que constitue un fichier contrefait ne peut être comparé à une industrie du faux médicament quand bien même il existe des internautes ayant monté l’échange de fichiers pirates au niveau industriel. Le niveau de dangerosité est tout de même moindre… sauf pour les producteurs et diffuseurs fermant les yeux devant la dématérialisation des supports.

C’est un fait de plus pouvant amener à penser que ACTA deviendra par la force des choses et le pragmatisme nécessaire dans ce type d’affaire, difficile à mettre en œuvre . On peut même aller jusqu’à penser que ACTA sera mort-né.

Mais… prudence est mère de sureté

Si à la lecture des informations filtrant des discussions tend à se mettre en place une nième attaque contre la vie privée des internautes, contre les libertés fondamentales dont nous disposons tous, et ce avec l’aval de la communauté internationale, il est donc normal et légitime que ReadWriteWeb s’en inquiète en posant la question de ce que pourrait être les changements de la face d’Internet.

Les actes de censures, les volontés de contrôle des autorités chinoises sur Internet, l’affaire Google, participent de ce climat ambiant délétère où le Net est en train d’évoluer. Défendre ses libertés apparaît toujours plus nécessaire et nous devons poursuivre ces luttes entreprises depuis 2007, voire même avant. Cela se pose comme un fait indiscutable. Mais il ne faut en aucun cas hurler au loup!

Le retour sur le devant de la scène de Loppsi 2 nous montre cette Loi d’Orientation toujours plus vidée de sa substance; Hadopi 2: idem puisque, dans les faits, nous l’avons souvent dit ici, ce texte sera inapplicable.

Gageons que le destin de ACTA soit globalement similaire …

Qui plus est, les désaccords entre les Etats, même s’ils sont peu nombreux dans les négociations de ce traité, portent sur deux points particulièrement sensibles:
> les garanties concernant la protection de la vie privée des citoyens. En France, la CNIL a bloqué Hadopi sur cette question en décembre dernier.

> l’extension des pouvoirs des douaniers, défendue principalement par les Etats-Unis.

Sur ce dernier point, et considérée la paranoïa territoriale ambiante outre-Atlantique, il fallait s’y attendre. De plus, la portée réelle, effective, de ce traité est plus qu’incertaine.

La Chine, le Brésil, l’Inde et d’autres pays émergents ne participent pas aux négociations et rien n’est encore établi quant à l’intégration simplifiée dans cet accord pour ces pays. Quant au volet Web de l’accord, pour la Chine, il ne peut pas être pire que ce que le Net chinois est actuellement ! De fait, pourquoi le ratifierait-il ? Quand à la contrefaçon des produits industriels, c’est tout de même la Chine entre autres qui en inonde le monde … bel ironie si ce pays adopte l’accord. Il est vrai que le cynisme politique est sans limite de l’autre côté de la muraille.

Unilatéralité

Ce qui pose réellement problème donc, tout comme ce fut le cas avec la commission Zelnik, c’est qu’encore une fois, aucune association d’internautes n’est conviée à la table des débats. Et sur ce point, s’inquiéter est légitime. La Quadrature du Net s’émeut avec force du culte du secret. Ce qui est sûr, toutefois, selon le parlement européen, c’est que «(…) <span L’analyse de la Commission confirme que le document de travail actuel de l’ACTA restreindrait profondément les droits et<span libertés des citoyens européens (…)».

Loin d’en être au round final, l’ACTA doit être envisagée sereinement en tenant compte des leçons Loppsi et Hadopi, entre autres. Le huitième round de négociations doit se tenir en Nouvelle-Zélande et une signature «définitive» pourrait avoir lieu avant fin 2010.
En dépit des annonces faites, des libertés visiblement amoindries, il faut continuer d’être vigilant, lutter pour conserver nos libertés individuelles, pour faire en sorte que le Net ne soit pas un produit soumis à des règles marchandes mais un réel espace de liberté et d’expression libre.
Toujours est-il qu’en tout état de cause, ACTA pourrait être tout à fait similaire à ses prédécesseurs légaux français et ne faire débat que dans la mesure où la chose réinitialise des peurs liées à ce que nous savons être inapplicable.
S’il est nécessaire, encore une fois, de lutter pour défendre nos libertés, rester anarnautes, et ne pas «laisser faire» les Etats quant à la pénalisation systématique du web, il faut aussi parfois se rendre à l’évidence: à mesure que l’on découvre ce que sera ACTA, cet accord apparaît toujours plus comme un bel exemple de non débat où l’unilatéralité crée les conditions de l’impossible, de l’anti-constitutionnalité, des frayeurs entretenues dans les médias ou sur la blogosphère.

> Illustration: CC par blogpocket sur Flickr


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