OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Vendredi c’est Graphism ! http://owni.fr/2012/05/11/vendredi-cest-graphism-4/ http://owni.fr/2012/05/11/vendredi-cest-graphism-4/#comments Fri, 11 May 2012 08:11:23 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=109701

Hey ! :)

Bonjour et bienvenue à bord de la soucoupe pour ce 91e numéro de Vendredi c’est Graphism ! Les projets avancent, les idées aussi… Au programme de la semaine, je vous propose des cartes des planètes, des robot vengeurs, de la typo, du temps réel avec Google map, du pixel art photographique et un bon gros WTF pour les développeurs et autres amoureux du code informatique.

Bref, c’est vendredi et c’est.. Graphism !

Geoffrey

On démarre notre revue de la semaine avec ces images qui peuvent ressembler à de l’art abstrait et coloré… Mais ces images sont en réalité les cartes des planètes, des lunes et des astéroïdes de notre système solaire créé à partir d’informations recueillies par des satellites et des télescopes. La variété de couleurs renvoie aux différentes structures et topographies enregistrées, telles que bassins, cratères, montagnes et autres plaines….

C’est une façon de représenter la réalité avec un angle graphique, artistique et visuel qui me plait énormément.

gaya Des cartes artistiques de notre beau système solaire!

source

Cette semaine, vous aurez peut-être vu cette vidéo, drôle décalée mais vraiment bien réalisée :) Daniel H. Wilson est l’auteur de Robopocalypse, un ouvrage dans lequel il nous donne quelques menus conseils afin de résister et de survivre aux invasions de robots ! Entre leur développement et leur auto-réplication intelligente des nano-robots… Allez, n’ayez pas peur, il faut juste que vous soyez prêts ! ;-)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

merci Tania

Dans la foulée, je tenais à vous présenter Tetra, une toute nouvelle tout belle typographie sans serif gratuite et dessinée par Alexey Frolov. Tetra nous apporte une certaine touche “old style” et ce sentiment est adouci dans les courbes contemporaines rendant cette police d’écriture applicable pour des mises en page rétros et modernes.

télécharger la typo

Vous savez, je croise encore parfois des personnes qui imaginent que Google Map est en temps réel ! Drôle d’idée quand on sait que les photos satellites datent parfois de plus d’un an. Cependant, l’idée est plaisante, fait rêver ou inquiète parfois ! Comme partout dans nos vies, dès que le paysage numérique prend vie, cela laisse place à la fascination et mettre cet espace dans les mains de tous est le plus beau cadeau que l’on puisse faire aux curieux

Ce film de Roel Wouters offre une approche créative en réinventant Google Maps en temps réel ! Cette carte virtuelle de notre monde joue avec l’idée de l’espace public comme une danse chorégraphiée… jolie et qui me laisse rêveur !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Dans ce monde réel, l’artiste et photographe Jamie Sneddon et son acolyte Kevin Rozario-Johnson, nous offrent une vision nouvelle du pixel dans l’espace. Ces clichés, réalisés dans la ville de Cologne mélange Sonic, Link, ou des objets issus du monde de Mario Bros de manière délicate et bien sentie. Le tout donne un regard tourné vers le rêve et l’on imagine un instant croiser notre hérisson bleu à travers la ville. Un beau projet…

On termine sur un WTF spécialement conçu pour les développeurs et les gens qui programment. Lorsque l’on code, il est possible de se retrouver dans des situations vraiment délicates, complexes où des enjeux minimes prennent une grande importance. C’est donc avec beaucoup de dérision  que le blog “lesjoiesducode.tumblr.com” a été conçu… je vous laisse avec ces exemples :)

Quand je poste une question sur stack overflow :

Quand j’ai perdu une heure a cause d’une parenthèse oubliee dans une requête sql :

Quand je dois modifier du code auquel je n’ai plus touche depuis 3 mois :

Quand je pense avoir trouve une solution :

Quand j’ai decouvert les regex :

Par ici pour lire plus de joies du code ;-) Ou alors, pendant ce temps, il est toujours possible de se battre contre des oies avec un sabre laser… ;-)

Et voilà, pour le mot de la fin, je laisse la parole aux designers Joolz et à Elroy !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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À la semaine prochaine! :-)

Geoffrey

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L’homme, la machine et les Zombies [2/2] http://owni.fr/2011/10/29/homme-machine-zombies-psychanalyse-corps-robotique-cybernetique-intelligence-artificielle/ http://owni.fr/2011/10/29/homme-machine-zombies-psychanalyse-corps-robotique-cybernetique-intelligence-artificielle/#comments Sat, 29 Oct 2011 12:41:21 +0000 Vincent Le Corre http://owni.fr/?p=84958 Suite de la première partie, dans laquelle l’auteur interroge notre rapport aux zombies, proche de celui que l’on entretient avec les machines.


Des psychanalystes pour robots ?

La pièce de théâtre Soyanara, de Oriza Hirata, est en quelque sorte, “le pendant artistique” du reportage, auquel je faisais allusion dans la première partie du texte, au sujet des robots dits thérapeutiques.

Cette pièce, Sayonara, met en scène deux personnages, dont l’un est “incarné” par F Geminoid, un androïde conçu par le laboratoire Ishiguro, à l’université d’Osaka.

Il s’agit d’un court dialogue entre ces deux personnages, dans lequel cet androïde “joue” un robot acheté par un père pour sa fille atteinte d’un mal incurable. Le robot est ainsi censé l’accompagner dans sa maladie, notamment en lui déclamant des poèmes. Même si le robot se défend de pouvoir répondre à certaines questions existentielles, le robot, au travers de poèmes, tente finalement de fournir à la jeune fille mourante des mots pour décrire ce qu’elle ressent à l’approche de sa mort, dans le but de la soulager.

Le “vrai” robot, F Geminoid, a été conçu par Hiroshi Ishiguro. Et c’est ce même laboratoire que Serge Tisseron a visité en 2009 ; et dont il dit que la visite l’a bouleversé, dans son article “De l’animal numérique au robot de compagnie : quel avenir pour l’intersubjectivité“. D’où le lien entre les robots en forme de phoques appelés Paro, et F Geminoid : un même créateur, Hiroshi Ishiguro.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Tisseron nous explique dans son article qu’Hiroshi Ishiguro conçoit ces androïdes, non comme des machines ni même des animaux, mais comme des enfants. S’inscrivant d’une certaine manière dans la même lignée qu’Asimov, qui expliquait dans la préface de son recueil Les Robots, qu’il en avait assez des histoires de robots qui, tels des Frankenstein, venaient détruire en retour leurs créateur, Ishiguro pense que les robots ne doivent pas apparaître comme potentiellement menaçants. D’où sa volonté de leur donner une apparence fragile, comme celle d’un jeune enfant, ou celle d’une jeune femme, telle que F Geminoid. Serge Tisseron:

Bien sûr, sa force est très supérieure à celle d’un humain, mais son apparence doit évoquer l’innocence, la fragilité et surtout l’incomplétude.

Tisseron nous parle également de la technique d’apprentissage qu’Ishiguro a implanté chez ses robots. Un apprentissage via le sourire de “la mère” en charge du robot. En effet, Ishiguro a mis au point un système complètement inspiré des recherches sur les interactions précoces développementales qui passent par le sourire de la personne en charge du robot.

“[…] Hiroshi Ishiguro a encore accompli un pas de plus, qui mobilise chez moi, je l’avoue, un mélange d’admiration et d’effroi. Il a eu l’idée que le propriétaire du robot éduque celui-ci… par son sourire. Bien évidemment, cette idée a dû lui être soufflée par quelques psychiatres. Les spécialistes de la petite enfance savent combien les émotions maternelles sont un repère essentiel dans la construction de la vision du monde et de lui-même par le bébé. Par exemple, il tente de marcher et tombe. Que fait-il en premier ? Essayer de se redresser ? Pas du tout : il cherche d’abord le visage de sa mère. Si celle-ci lui sourit, il se remet debout et recommence à marcher. Mais si celle-ci semble inquiète ou lui manifeste de la colère, le bébé s’immobilise et pleure. Dans le premier cas, il acquiert de la confiance en lui et dans son environnement et il se trouve gagnant à la fois du point de vue de ses apprentissages et de son estime de lui même. Dans le second cas, au contraire, il est insécurisé et risque d’inhiber ses capacités d’exploration. […] Hiroshi Ishiguro a […] décidé d’appeler la personne en charge de l’éducation du robot sa ‘mère’.”

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Tisseron note donc combien l’empathie envers ce type de robots a des chances de se construire, et combien le sentiment d’attachement envers la machine sera ainsi sollicité. Ce lien d’attachement qui se mettra progressivement en place aura des conséquences encore difficiles à anticiper aujourd’hui. Et finalement, il ne peut que générer une espèce de fascination, et peut-être également de la peur, comme cette peur attachée aux jeux vidéo, ces fameux “mondes numériques” dont “on” nous dit qu’ils proposent des espaces parfois plus intéressants que “la réalité”. Ces êtres qui évolueront auprès de nous, qui nous seront entièrement dévolus, mais qui par contre ne seront pas nécessairement soumis comme les enfants réels à une loi obligeant à les éduquer ou à les socialiser (donc à les voir un jour partir et nous quitter), ne produiraient-ils pas le désir chez leurs propriétaires de se détacher progressivement des autres sujets humains qui les entourent pour préférer la compagnie de ces androïdes ?

“Serons-nous plus ou moins humains lorsque nous serons capables de développer de l’empathie pour une machine ? Assurément ni l’un ni l’autre, mais la tentation sera probablement moins grande de chercher à communiquer avec des humains différents de soi dans la mesure où chacun pourra s’entourer d’un ou de plusieurs robots correspondant parfaitement à ses attentes et à son système de valeurs… Il est bien évident qu’au passage, les fameuses ‘lois’ imaginées par l’écrivain de science-fiction Asimov sont balayées. Le propriétaire de chaque robot pourra lui apprendre ce qui lui fait plaisir, que cela soit licite ou non. Mais n’est-ce pas déjà la même chose avec les enfants ? Bien sûr, mais les enfants n’ont pas que leurs parents pour les éduquer, et encore moins exclusivement leur mère ! L’autre parent peut corriger les effets nocifs ou antisociaux du parent privilégié, et l’école les modifie encore ensuite. Si le système développé aujourd’hui par Hiroshi Ishiguro devait être appliqué à large échelle, j’imagine qu’il faudrait prévoir un correctif : programmer les robots pour qu’ils s’autoconnectent régulièrement sur Internet de manière à entrer des données susceptibles de corriger une éventuelle éducation « maternelle » déviante ou pathologisante. Bref, une sorte d’école des robots parallèlement à leur éducation familiale !”

Finalement, c’est notre rapport à la castration qui est encore une fois mobilisé avec ces robots-enfants potentiellement entièrement dévolus aux caprices et plaisirs de leur “parents”…

De l’amour primaire … avec les machines ?

Peut-être que le primary love de Michael Balint existe finalement… mais seulement dans l’ordre de ces relations homme-machine, où l’homme fait tout pour que la machine fonctionne, qui le lui rend bien.

Je pense ainsi au chapitre Objet et Sujet du livre de Michael Balint Les voies de la régression (il développe la même réflexion dans son livre Le défaut fondamental). Balint part en effet de la constatation que dans ce qu’on appelle la régression en psychanalyse, on peut mettre au jour un fantasme, celui “d’une harmonie primaire qui nous reviendrait de droit et qui aurait été détruite, soit par notre faute, soit du fait des machinations d’autrui, soit par la cruauté du destin.”

La croyance en cet état où tous les désirs seraient satisfaits et qu’il n’y aurait plus de manque, qui se retrouve dans un certain nombre de religions par exemple, serait selon lui la visée ultime de toute aspiration humaine. Balint déduit également de l’expérience de la vie sexuelle, et de l’orgasme en particulier, qu’il existe bien un état où la satisfaction tirée de cette harmonie parfaite entre le sujet et son environnement et qu’il est quasiment atteint dans ces expériences.

Il reprend ce point à Sandor Ferenczi qui pense que l’orgasme est la situation parfaite de réciprocité, l’identité parfaite des intérêts entre les partenaires, et donc entre l’individu et son environnement. La théorie de l’amour primaire de Balint, lui permet de sortir selon lui, de l’aporie de la théorie du narcissisme primaire où le monde extérieur n’existerait pas. Elle lui permet donc de dire que le monde extérieur existe, mais qu’il y a surtout une harmonie primaire entre le sujet et le monde qui l’entoure. A partir de cette description de l’amour primaire, il va concevoir la notion d’objet primaire, qui sera dans le développement du sujet, le succédané de cette période bienheureuse, alimentant l’idée de l’existence d’un objet harmonieux et entièrement satisfaisant pour le sujet. Ce qui deviendra par la suite le prototype, le paradigme de toute relation d’objet. Paradigme que Lacan récusera en reprenant le thème lors de son séminaire de 1956-1957.

Il me semble que la construction du fantasme d’une symbiose avec la machine, dont le texte de Joseph Carl Robnett Licklider est une étape importante, peut être proche de ce fantasme d’un “amour primaire”, où les deux protagonistes seraient dans une harmonie parfaite.

On rejoint enfin par-là les réflexions de Tisseron autour de ce qu’il appelle “l’accordage multisensoriel précoce” d’où s’originerait notre désir d’immersion. Ce concept d’accordage provient des recherches en psychologie du développement sur les interactions précoces entre le bébé et ses parents. Il s’agit pour les deux protagonistes de ce dialogue, pour reprendre les termes de Tisseron : “d’éprouver le plaisir de l’interaction et de l’immersion dans une émotion partagée.”

Ce concept d’accordage permet ainsi à Tisseron de placer comme source d’un certain nombre d’interactions que les adultes auront dans leur vie, et donc celles que peut chercher avoir un joueur avec sa machine, “le désir du bébé d’entrer en contact avec l’état mental de son interlocuteur.” “La relation avec l’ordinateur renoue avec le plaisir partagé et gratuit des premiers accordages.” En d’autres termes, la machine devient cet Autre censé s’accorder harmonieusement à tous mes désirs, comprenant ce que je désire, et me le livrant au moment où je le veux. On est proche, encore une fois, de ce qu’a décrit Freud à propos des premières expériences de satisfaction du bébé, et que Winnicott développera avec les phénomènes transitionnels.

Frédéric Kaplan et ses expériences de pensée appareillées

Pour finir, je voudrais faire quelques liens avec un chercheur en robotique, Frédéric Kaplan. Car en lisant son article Le corps comme variable expérimentale, j’ai eu l’impression de retrouver l’hypothèse qui sous-tend globalement ce texte et qui relie les différents phénomènes cités, à savoir l’importance centrale du corps et les différentes figures de la subjectivation de celui-ci au sein même de nos relations avec les machines.

Certes, ce que Kaplan étudie dans son article, ce sont des expériences avec des robots seuls. Mais il y montre l’importance du corps chez les robots eux-mêmes. Il m’a semblé donc tout à fait intéressant de souligner qu’un chercheur en “intelligence artificielle incarnée”, puisse développer cette idée au travers même de ses recherches sur les robots, et ceci afin de résoudre des problèmes de robotique, mais aussi engager une réflexion plus générale.

De l’importance de l’incarnation… chez la machine elle-même

Car en effet, Kaplan se propose d’utiliser des robots pour étudier des questions qui dépassent le simple cadre de la robotique ou de l’intelligence artificielle. Il a pu étudier précédemment le développement d’une sorte de langage de communication chez les robots.

Nous voudrions montrer que l’enjeu de ces expériences dépasse la simple communication scientifique, et que le travail de modélisation avec les robots permet de dégager des concepts nouveaux, difficilement approchables par d’autres méthodes.

Les origines de la robotique remontent finalement très loin dans l’histoire des hommes et de leur relation avec les machines qu’ils se construisent. Le 18ème siècle fut un siècle particulièrement important dans la construction d’automates par des ingénieurs, tels que l’horloger Pierre Jaquet-Droz et sa musicienne, ou encore Jacques de Vaucanson, avec son fameux canard capable de manger et de digérer, ou encore son joueur de flûte traversière pouvant exécuter différents airs de musique.

Mais avec l’arrivée des ordinateurs numériques, une nouvelle discipline naît autour de ce que l’on va nommer désormais l’Intelligence Artificielle (IA). Cette discipline va ainsi radicaliser une perspective qui se dessinait autour des possibilités des automates. En effet, après le 18ème siècle, “les dispositifs mécaniques permettant la programmation se multiplient […]. Les procédés d’animation se développent sous la forme de modules toujours plus indépendants du corps mécanique de l’automate”. Ainsi, le corps de l’automate que l’on appellera désormais robot, ne va plus faire partie du domaine de l’IA, qui s’intéressera de son côté seulement aux algorithmes permettant de décrire et de programmer les comportements des corps eux-mêmes, c’est-à-dire des robots.

Au fil des années, l’IA et la robotique vont de plus en plus diverger. D’un côté, nous aurons des recherches en robotique qui développeront des machines de plus en plus perfectionnées, dans des environnements industriels, en somme ce que Kaplan appelle “des corps sans intelligence”. De l’autre, la majorité des chercheurs en IA tenteront de développer quant à eux, “des intelligences sans corps”.

En effet, “de nombreux chercheurs en intelligence artificielle en particulier ne considèrent plus l’incarnation comme une composante essentielle de leur recherche. Ils préfèrent concentrer leur effort sur la modélisation de comportements cognitifs humains complexes, ou encore élaborer des modèles de l’intelligence humaine adaptés au diagnostic médical, à la preuve de théorèmes mathématiques ou aux jeux de société. Ces algorithmes viennent soutenir une vision de l’intelligence humaine comme étant avant tout un système de manipulation de symboles (Haugeland, 1985). La psychologie cognitive s’empare de cette hypothèse soutenant que ce type de processus de traitement de l’information rend mieux compte des mécanismes de l’intelligence que ne font les théories comportementalistes très influentes outre-Atlantique. Les hypothèses cognitivistes et computationalistes, stipulant que la pensée est réductible à un ensemble de calculs symboliques, s’imposent (Fodor, 1987). Le corps, quant à lui, est oublié, irrémédiablement séparé des mécanismes de l’intelligence .”

Le corps est ainsi progressivement oublié dans les conceptions issues de la psychologie cognitive qui s’inspirent elles-mêmes des apports de l’intelligence artificielle. Dans les recherches en intelligence artificielle, le problème de ce schisme va progressivement apparaître et devenir très gênant, lorsque les chercheurs vont tenter d’utiliser les robots, non plus dans des environnements parfaitement contrôlés et prédictibles, mais au sein d’environnements changeants. “Les algorithmes d’intelligence artificielle conçus pour manipuler des symboles définis a priori et non ambigus se révèlent fortement inadaptés à la complexité et l’imprévisibilité du monde réel”.”

Les problèmes comme celui de faire marcher un robot deviennent alors particulièrement difficiles à résoudre, car ils demandent de modéliser à la fois le corps du robot et l’environnement dans lequel il évolue. Or lorsque ce dernier est inconnu, comment faire?

Cette impasse donnera le jour à un nouveau courant, appelé l’Intelligence Artificielle incarnée (embodied artificial intelligence) à la fin des années 80, autour de chercheurs comme Rodney Brooks, Luc Steels et Rolf Pfeifer, qui mettent l’accent cette fois sur l’interaction directe du corps du robot avec l’environnement, comme c’était le cas avant l’avènement et la diffusion des ordinateurs numériques. Kaplan précise ainsi que les fameuses “tortues” cybernétiques de Grey Walter devinrent à nouveau des modèles dans les méthodes de conception et d’expérimentation de cette nouvelle approche.

La machine comme pôle opposé de l’homme?

Rappelons que Lacan citait Grey Walter dans son séminaire en 1954 où la cybernétique tenait une grande place pour tenter d’approcher ce qu’était la parole et le langage.

On pourrait soutenir que Lacan usait ainsi de ce rapprochement avec la cybernétique de son époque, pour essayer de saisir, de penser par différence avec la machine, la frontière entre les relations que l’homme peut entretenir avec le langage et celles que les machines pourraient avoir elles-mêmes avec le langage et la parole.

Rappelons que pour le philosophe Pierre Cassou-Noguès c’est à partir de Descartes, et ensuite, de Turing, que l’imaginaire a changé autour de la conception que l’on peut avoir de la machine, précisément vis-à-vis de la parole, et des émotions.

[…] le paradigme de la machine, pour Descartes et dans l’imaginaire classiques, est une horloge, c’est-à-dire un automate qui, une fois mis en branle, possède en lui-même le principe de son mouvement. En revanche, le modèle auquel nous pensons avec le robot est l’ordinateur, la machine à calculer. […] Le robot pour nous est d’abord un cerveau. […] Les machines classiques […] sont susceptibles de manifester toutes sortes d’émotions, la joie, la tristesse, la colère ou l’amour. C’est à cela qu’on les distingue des êtres humains : les robots, pour Descartes, ne peuvent pas user du langage humain. […] Les robots de la science-fiction sont alors à l’opposé des robots cartésiens. Nos robots imaginaires sont capables de parler et, du point de vue de la parole, rien ne les distingue d’un être humain. Mais ils ne peuvent pas exprimer d’émotion.

Dans son séminaire, Lacan pose ceci, que le seul désir possible d’une machine reste pour le moment, l’alimentation, sa survie en quelque sorte, via son énergie :

Entendons-nous – quel pourrait être le désir d’une machine, sinon celui de repuiser aux sources d’énergie ? Une machine ne peut guère que se nourrir, et c’est bien ce que font les braves petites bêtes de Grey Walter. Des machines qui se reproduiraient, on n’en a pas construites, et pas même conçues – le schéma de leur symbolique n’a même pas été établi. Le seul objet de désir que nous puissions supposer à une machine est donc sa source d’alimentation.

Mais quand bien même cet état de fait, si chacune des machines est réglée sur le fonctionnement de l’autre en tant qu’elle ira chercher de l’énergie au même point que l’autre, autrement dit qu’elles aient toutes le même objet de désir, cela risque de produire des collisions entre elles. Et qu’ainsi, il faut supposer, comme chez l’homme, une instance régulatrice symbolique, qui est le langage.

“Eh bien, si chacune est fixée sur le point où l’autre va, il y aura nécessairement collision quelque part. C’est à ce point que nous étions parvenus. Supposons maintenant à nos machines quelque appareil d’enregistrement sonore, et supposons qu’une grande voix – nous pouvons bien penser que quelqu’un surveille leur fonctionnement, le législateur – intervient pour régler le ballet qui n’était jusqu’à présent qu’une ronde et pouvait aboutir à des résultats catastrophiques. Il s’agit d’introduire une régulation symbolique, dont la sous jacence mathématique inconsciente des échanges des structures élémentaires vous donne le schéma. La comparaison s’arrête là, car nous n’allons pas entifier le législateur – ce serait une idole de plus.”

Je crois donc que c’est une démarche assez similaire que Lacan et Kaplan proposent, à la différence importante que Kaplan propose de réaliser l’expérience concrètement, mais aussi que je suis à peu près certain qu’ils ne seraient pas d’accord sur les résultats.

Kaplan a en effet travaillé sur la construction d’une sorte de langage chez des robots. Les robots mis en œuvre étaient en mesure de se mettre progressivement d’accord sur certains mots désignant leurs activités. Mais je souhaitais ici faire surtout ressortir l’intérêt de la démarche que Kaplan poursuit dans un livre qui vient de sortir L’homme, l’animal et la machine, écrit avec le biologiste Georges Chapouthier.

“Le corps comme variable expérimentale”

Alors que certains chercheurs en IA construisent des algorithmes toujours plus sophistiqués, capables de battre aux échecs certains champions, d’autres chercheurs construisent “des robots capables d’apprendre comme le font les jeunes enfants. L’idée n’est pas nouvelle, puisqu’elle était exprimée par Alan Turing dans ce qui a été un des articles fondateurs de l’intelligence artificielle (Turing, 1950), mais la perspective ‘sensori-motrice’ développée par l’intelligence incarnée lui donne une dimension inédite.”

Au sein de cette branche de l’intelligence artificielle qui a fait rentrer le corps du robot dans son champ de recherche, Kaplan met en avant certaines recherches menées par des “chercheurs en robotique ‘développementale’ ou ‘épigénétique’ “ qui consistent à identifier “un processus indépendant de tout corps, de toute niche écologique et de toute tâche particulière.” C’est une sorte d’algorithme qui pousse le robot à développer ses aptitudes, qui le ” motive” à apprendre.

En distinguant ainsi un processus d’incarnation général et des espaces corporels particuliers, les développements les plus récents de la robotique épigénétique conduisent à reconsidérer le corps sous un autre angle.

Et c’est précisément là que l’article m’a semblé le plus intéressant dans les analogies possibles.

En effet, en s’apercevant de la nécessité de construire des robots dotés à la fois d’un algorithme général, une sorte de noyau stable toujours identique, et de ce que Kaplan appelle “des espaces corporels périphériques”, ces chercheurs conçoivent des machines qui apprennent par exemple à marcher, sans que ces derniers ne soient conçus expressément pour apprendre à marcher.

Plus surprenant encore, ce type de robot apprend à marcher en fonction du corps dont il est doté. On pourrait dire qu’il explore tout d’abord les potentialités du corps dont il dispose, et cela au sein d’un terrain inconnu, via l’algorithme général qui a été conçu de telle façon qu’il calcule les situations dans lesquelles il peut effectuer les meilleures prédictions quant aux effets de certains mouvements réellement effectués (les signaux de sortie). Je ne m’étendrai pas sur la complexité d’un tel algorithme, mais il faut insister sur le fait que le robot n’était pas doté d’un algorithme ayant pour objectif d’apprendre à marcher, et que c’est finalement la morphologie du robot, en lien avec le terrain dans lequel il va évoluer, qui va constituer “la variable expérimentale” que l’on peut donc faire varier à l’envi pour en étudier les effets.

Au final, “Dans ce nouveau dualisme méthodologique, il s’agit de séparer une enveloppe corporelle potentiellement variable correspondant à un espace sensori-moteur donné et un noyau d’entraînement, ensemble de processus généraux et stables capables de contrôler n’importe quelle interface corporelle. En distinguant ainsi un processus d’incarnation général et des espaces corporels particuliers, les développements les plus récents de la robotique épigénétique conduisent à reconsidérer le corps sous un autre angle.”

Je voudrais conclure ici sur l’analogie entre ce type de recherche en robotique et ce que la psychanalyse peut avancer. D’une part, je trouve remarquable que la robotique et l’intelligence artificielle finissent par reconnaître cette place centrale à l’incarnation dans le développement d’une certaine intelligence aux robots, et d’autre part qu’ils fournissent dans une certaine mesure un cadre expérimental à ce type d’étude.

Plus qu’une technologie des corps animés, la robotique apparaît alors comme science et pratique de l’incarnation.

Enfin, et c’est là que se trouve le lien avec nos zombies et les “pré-conditions” dont j’ai parlé en première partie. Il me semble que ce type de recherche rejoint ce qu’avance la psychanalyse, à savoir que le développement de l’intelligence, de nos capacités instrumentales, l’usage de la langue, sont en étroite liaison avec la manière dont nous habitons notre corps.

Et je laisse à Kaplan et Oudeyer le soin de conclure :

“En effet, qu’est-ce que le développement si ce n’est une séquence d’incarnations successives : non seulement un corps en perpétuel changement, mais aussi des espaces corporels qui se succèdent les uns aux autres ? Chaque nouvelle compétence acquise change l’espace à explorer. La marche en est à nouveau un exemple illustratif. Une fois maîtrisée, elle permet à l’enfant l’accès à un nouvel espace de recherche.

Penser le corps variable, c’est aussi penser une notion de corps étendu capable d’incorporer les objets qui l’entourent sous la forme d’agencements transitoires. Dans cette perspective, outils, instruments de musique et véhicules sont autant d’enveloppes corporelles à explorer, sans différence fondamentale avec leur pendant biologique (Clark, 2004).

Enfin, en pensant le corps variable, ne pourrait-on pas considérer le raisonnement symbolique et la pensée abstraite comme autant de formes d’extensions corporelles ? Si, comme le suggèrent Lakoff et Nunez, il y a une correspondance directe entre la manipulation sensori-motrice et les raisonnements mathématiques les plus abstraits (Lakoff, Nunez, 2001), nous pouvons naturellement considérer que même les processus mentaux les plus “intérieurs” peuvent être pertinemment interprétés comme des enveloppes corporelles à explorer. L’usage de la langue elle-même ne pourrait-il pas être interprété comme une incarnation corporelle particulière (Oudeyer, Kaplan, 2006) ?”


Crédits Photos CC FlickR par Jenn and Tony Bot, cometstarmoon, Baboon et Br1dotcom.

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L’homme, la machine et les zombies [1/2] http://owni.fr/2011/10/28/homme-machine-zombies-psychanalyse-philosophie/ http://owni.fr/2011/10/28/homme-machine-zombies-psychanalyse-philosophie/#comments Fri, 28 Oct 2011 13:23:27 +0000 Vincent Le Corre http://owni.fr/?p=84885 null

Les philosophes et les scientifiques ont souvent utilisé “l’animal” comme catégorie pour penser, par différence, celle de “l’homme”. Il s’agit alors bien souvent de tenter de cerner “une certaine nature humaine” en opposition à une autre nature, qui serait plus “naturelle” en quelque sorte, et que l’animal incarnerait. Avec les progrès technologiques, un certain type de machines a pris de plus en plus d’importance dans nos vies, à savoir les robots.

Une des questions (que l’on retrouve dans la science-fiction de manière imposante) sera ou est, de savoir quelle(s) relation(s) nous aurons avec ce type de machines que sont les robots. Il semble important de relever que nous avons déjà des dispositifs technologiques qui engagent nos subjectivités, les modifient, les disciplinent tant elles engagent nos corps, et qui sont déjà largement diffusés, à partir desquels nous pouvons d’ores et déjà penser des débuts de réponse. Ces dispositifs sont les jeux vidéo.

Nous cheminerons donc ici en deux temps au travers de réflexions mettant en jeu robots, ordinateurs ou encore jeux vidéo, qui mériteront d’être remises en ordre plus tard, mais que je voudrais voir fonctionner comme des pistes de travail, pour saisir certains phénomènes que j’ai l’impression de pouvoir mettre sur le même plan.

Du Cyborg aux Zombies…

Serge Tisseron s’intéresse au devenir de nos relations avec les machines. Et il fait le lien très justement avec les relations que nous entretenons déjà avec les jeux vidéo. Car en effet, les jeux vidéo proposent des expériences de relation avec un type de machine, dite Intelligence Artificielle, qui sont finalement très proches de celles que l’on peut mettre en place avec un robot, à la différence cependant importante, que les robots ont un corps, c’est-à-dire qu’ils occupent un espace physique, ont un poids, une texture, etc. qui peut d’ailleurs rappeler celui d’un animal de compagnie.

Cette relation de l’homme avec la machine a une longue histoire. Dans la période qui a succédé l’invention de la machine universelle de Turing, la métaphore du Cyborg a fait fortune.

Le philosophe Mathieu Triclot, qui a écrit l’excellent Philosophie des jeux vidéo (dont on peut trouver quelques mots ici), nous interpelle dans un texte récent qui lui aussi articule relations aux machines et relation aux jeux vidéo : Cyborg vs Zombies. Ou pourquoi il est important de considérer les jeux vidéo.

Dans ce texte, il rappelle que deux textes scandent l’évolution de la figure métaphorique du Cyborg :

- Manfred E. Clynes, Nathan S. Kline, Cyborg and space, Astronautic, September 1960.

- Donna Haraway, A Manifesto for Cyborgs : Science, Technology, and Socialist Feminism in the 1980s, in The Haraway Reader, Routledge, New York, 2004.

Face à cette figure du Cyborg qui nous a aidés pour penser nos relations avec la machine sur le mode d’une hybridation de nos corps avec les dispositifs machiniques (“Le terme apparaît pour la première fois dans l’article si souvent cité de Manfred E. Clynes et Nathan S. Kline de 1960 pour désigner le cyber-organisme, l’organisme qui délègue ses fonctions de régulation à un système mécanique exogène” ), se sont développés d’autres usages et pratiques relationnelles avec les machines, qu’un autre texte moins connu a cherché à saisir au même moment, précisément en mars 1960, à savoir celui de Joseph Carl Robnett Licklider intitulé : Man-Computer Symbiosis. La symbiose homme-machine “repose sur la relation entre deux organismes disssemblables, qui maintiennent leurs logiques propres.”

Mais au-delà de cet aspect historique tout à fait important (car il faut, et le travail de Triclot est important sur ce sujet, articuler le contexte socio-politique avec l’évolution de nos relations avec les machines), il y a cette question qui me fait me sentir tout à fait proche de ce travail de recherche, c’est celle de “la fabrique de la subjectivité dans la relation intime aux machines informatiques.”

J’ai en effet déjà écrit ici, au travers de mes recherches sur Turing, que je cherchais à penser le lien qui peut nous unir aux machines. Un lien de jouissance assurément. Et j’ai déjà également dit combien les jeux vidéo sont un bon terrain d’observation. Les jeux vidéo sont intrigants en effet quant aux questions qu’ils peuvent soulever sur la façon dont on peut vivre le fait d’être incarné dans un corps, et dont on en jouit. Je conçois le jeu vidéo comme permettant une sorte de léger déplacement, d’expérimentation de cette possibilité de subjectiver son corps différemment, et donc d’en jouir de manière également différente.

Et c’est là que l’on peut parler du lien que Mathieu Triclot fait avec un auteur que j’apprécie également, et qui avance des choses intéressantes, à savoir Pierre Cassou-Noguès. Ce dernier a écrit notamment Une histoire de machines, de vampires et de fous et Mon zombie et moi.

En usant de cette figure du Zombie, via le travail de Cassou-Noguès, Triclot nous enjoint donc à penser désormais avec les Zombies, plutôt qu’avec les Cyborgs.

Pour lui, ces Zombies possèdent en effet trois propriétés intéressantes :

1) Le zombie “constitue comme le cyborg un être frontière qui frappe l’imaginaire, à l’articulation de l’organique et de l’inorganique, du vivant et du mort. Le zombie est une sorte d’animal-machine cartésien, un corps privé de conscience, sans regard ni parole. Il n’y a pas de machine en lui, seulement la mort, mais sa démarche hésitante et bancale rappelle cependant la formule de Bergson à propos du rire : de la mécanique plaquée sur du vivant.”

2) “Le deuxième intérêt du zombie est de nous renvoyer directement aux variations possibles du corps propre. C’est ainsi que l’utilise Cassou-Noguès : le zombie permet de tourner en variations imaginaires autour du corps, d’en interroger la constitution et les limites.”

3) […] “contrairement au cyborg, aussi bien qu’à la figure proche de la créature de Frankenstein, le zombie va par bandes. L’ontologie du zombie est de hordes, disparates et bariolées. Par différence avec le héros romantique de Shelley, qui erre sans fin sur la terre gelée, rejeté par les hommes, le zombie agit en groupe, sous la forme du déplacement aléatoire ou de la convergence vers la citadelle assiégée. La horde maintient l’individuation, la dissemblance entre individus.”

Leibniz disait déjà “Nous sommes des automates dans les trois-quarts de nos actions”. Cassou-Noguès est un auteur qui prend au sérieux à la fois les rapports de la rationalité avec la fiction, et notre fascination pour les machines, notamment la question qui me semble éminemment contemporaine, en quoi sommes-nous et surtout continuerons-nous à être différent des machines ?

J’ai l’impression, comme d’autres psychanalystes, qu’un certain devenir-machine pourrait être à l’œuvre dans notre culture. Il consisterait en cette illusion de pouvoir se libérer de la pulsion comme du désir. Cette “part maudite” qui pèse finalement si souvent sur l’être humain. La machine, bien qu’il s’en défende, pourrait apparaître alors à l’être humain comme une figure libérée du Mal.

Cassou-Noguès travaille également à saisir la bascule qui a eu lieu selon lui dans notre imaginaire autour de notre conception de la machine, et donc par conséquent dans notre conception de ce qu’est l’humain. Cette évolution du paradigme classique au moderne, il lui semble qu’on peut l’observer au travers des textes de Descartes qui proposent une conception de l’homme-machine exactement contraire à celle des robots contemporains.

Des relations d’empathie et de la symbiose homme-machine

Récemment, un reportage d’Arte indiquait que des chercheurs japonais ont mis au point un robot qu’ils ont placé dans certaines institutions accueillant des personnes âgées atteintes neurologiquement.

Serge Tisseron qui parle de ce même robot, développe ses réflexions dans cet article De l’animal numérique au robot de compagnie : quel avenir pour l’intersubjectivité à partir d’une notion qu’il met au centre, l’empathie.

C’est en effet à partir de l’empathie qu’il explique les phénomènes que les joueurs, ou les arpenteurs de mondes virtuels, connaissent bien, mais qui restent parfois tout à fait surprenantes à qui les éprouve. Ce sont en effet ces sensations physiques que l’on peut éprouver au travers de ce que vit le personnage censé nous représenter dans l’espace numérique que l’on nomme avatar.

Je m’interroge quant à moi sur la manière dont il pourrait être possible d’articuler ces phénomènes avec d’autres que tout le monde connaît lorsqu’il utilise d’autres machines, une voiture par exemple, et qui ont déjà été étudiés dans le domaine de la clinique du travail. Ces phénomènes sont ressentis et désignés par le fait d’avoir la sensation de “faire corps avec la machine”. Lorsque nous conduisons une voiture, ou bien lorsque nous jouons à un jeu vidéo, il me semble que l’éprouvé de notre corps change, et que notre ” enveloppe corporelle” s’étend si l’on peut dire.

Christophe Dejours est un psychiatre et psychanalyste français. Professeur au CNAM, il a fondé une discipline qu’il a baptisée, la psychodynamique du travail. Ses thèmes de prédilection sont l’écart entre travail prescrit et réel, les mécanismes de défense contre la souffrance, la souffrance éthique ou bien encore la reconnaissance du travail et du travailleur.

Dejours a travaillé sur ce qu’on pourrait appeler “la symbiose du travailleur avec sa machine”. Il me semble que cela pourrait rejoindre certaines réflexions de Licklider sur la symbiose homme-machine. Dejours a remarqué que lorsque se développe un véritable dialogue entre le travailleur et sa machine, il se développe en parallèle un certain type de fantasme, un fantasme vitaliste, qui donne vie à cette machine, afin de la domestiquer comme un animal. C’est bien évidemment ce fantasme qui est à l’œuvre lorsque nous commençons à donner des petits surnoms à nos machines, nos smartphones par exemple, lorsqu’on se surprend à les encourager, ou bien à les gronder lorsqu’elles ne fonctionnent pas comme on l’attend. Christophe Dejours explore donc ces phénomènes en mettant en avant ce qu’il appelle l’intelligence du corps.

En effet c’est par le corps que l’on développe cette sensibilité. Et c’est cette sensibilité qui nous fera apprécier le contact avec le bois, l’acier ou bien encore le langage binaire… Selon Dejours, ce n’est que dans ce dialogue sensible que se développent nos compétences techniques, y compris celles qui restent en apparence les plus intellectuelles, et non pas grâce à une intelligence désincarnée.

Dejours rappelle dans un exposé que ce sens technique a déjà étudié par certains cliniciens du travail, et il me semble que ces pistes de recherche pourraient tout à fait nous aider à comprendre ce qui se passe lorsqu’un gamer “subjective” son jeu vidéo et sa manette, afin d’en faire une véritable extension de son propre corps.

Le corps qui est en mesure de subjectiver, de se transformer finalement en Zombie, de faire corps avec une machine, ce n’est donc pas le corps des biologistes, ou en tout cas de ceux qui réduisent le corps à un pure organisme (c’est-à-dire finalement à une machine ?).

C’est bien plutôt le corps que chacun éprouve, celui qu’il habite dans une relation intime et qui évolue au fil des ans. C’est “le corps qui est engagé dans la relation à l’autre”. Et c’est finalement le corps érogène qu’a conceptualisé la psychanalyse.

Dejours, dans la perspective la plus traditionnelle de la théorie psychanalytique, nous rappelle que ce corps, celui du travailleur, du gamer et j’ajouterai donc celui du Zombie, s’est construit dans la relation à l’autre, et en premier lieu dans la relation la plus intime avec la mère ou son substitut. Ce corps est ainsi “contaminé” par le sexuel de l’adulte, les fantasmes érotiques de la mère, du père. Et c’est bien ce corps qui est convoqué à la fois par le travail, mais également par une relation avec la machine, et donc par les jeux vidéo.

Il nous faudrait donc explorer plus en avant ces liens, entre la seconde propriété du Zombie dont parle Triclot, et ce que la psychanalyse peut nous apporter sur le corps érogène et sa capacité à s’étendre, à développer une sensibilité qui englobe la machine pour en faire une extension du corps propre, car je crois que le corps tel qu’il a déjà été théorisé en psychanalyse pourrait constituer comme des pré-conditions à l’advenue du Zombie. Le corps est un construit, façonné par sa rencontre avec le langage, ainsi que ses rencontres avec les incarnations de l’Autre ayant pris soin de ce corps.


Retrouvez la suite de cet article ici.


Article initialement publié sur le blog de Vincent Le Corre

Image de une par Loguy

Illustrations CC FlickR: watt dabney (cc-by-sa), ttc press (cc-by-sa), johnson cameraface (cc-by-nc-sa), johnson cameraface(cc-by-nc-sa)

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http://owni.fr/2011/10/28/homme-machine-zombies-psychanalyse-philosophie/feed/ 17
[EXCLU] Rain Comptine by Colt Silvers http://owni.fr/2011/02/07/exclu-rain-comptine-by-colt-silvers/ http://owni.fr/2011/02/07/exclu-rain-comptine-by-colt-silvers/#comments Mon, 07 Feb 2011 17:33:14 +0000 Lara Beswick http://owni.fr/?p=30154 Un groupe = Un concept

On ne le dit jamais assez et les artistes acceptent en général mal le fait d’être classés et définis par un seul des multiples traits qui les caractérisent. Le fait de trouver un concept clair et facilement identifiable peut s’avérer très frustrant car loin de révéler la complexité et la panoplie des valeurs ajoutées qu’un corps artistique comporte pourtant, c’est un élément fondamental d’un point de vue marketing et permet aussi de ne pas se disperser dans le travail, en particulier pour un groupe en développement. Le groupe que nous avons rencontré pour vous cette semaine a non seulement su relever le défi de cette contrainte artistique mais s’efforce aussi de la traduire par une stratégie de communication. Un groupe qu’on pourrait donc qualifié de “moderne” qui trouve son équilibre avec un fonctionnement “semi DIY”.

Les membres de Colt Silvers (se prononce SilverS) se sont rencontrés en 2008. Ils partagent une passion commune, le cinéma et ses membres sont tous issus de culture rock. Nous avons rencontré Nicolas (bassiste) et Tristan (chanteur et guitariste) et ils semblent s’accorder sur le fait que ces deux éléments sont fondateurs et qu’ils dirigent le groupe.

Le but en créant Colt Silvers c’était d’utiliser notre expérience rock. Nous avons une passion commune qui se trouve être le cinéma. Films d’horreur, science fiction, amour pour le cinema d’où CS pour la consonance.

Pour ceux qui l’ignorent, Colt Silvers fait référence à plusieurs choses, la première étant bien évidemment “L’homme qui tombe à pic“. Colt a plusieurs significations: flingue, poney, poulain. Colt Silvers c’était donc pour Poulains d’argent !

Nos Poulains d’argent Strasbourgeois sont donc un concept et traduisent cet état d’esprit également dans leur stratégie de diffusion et de communication puisqu’aujourd’hui, il nous font l’honneur de diffuser le premier titre d’une série de 7 qui constituent leur tout nouvel EP “Acoustronics”.

Chaque semaine, à partir d’aujourd’hui, à l’instar des séries, un titre sera diffusé sur la toile. Le principe est que chaque titre est inspiré d’un thème de film et comprend le chant des titres du premier album. Cette stratégie conçue pour engager les fans les intègrera donc dans le jeu en leur faisant retrouver les thèmes de cinéma utilisés dans les compos.  L’hommage au cinéma est plus appuyé que dans leur précèdent projet et la couleur des compositions est aussi légèrement différente. Les acoustiques fonctionnant  bien, ils ont tenté de donner une couleur plus organique à leurs productions.

L’équipe est familière des réseaux sociaux et ils ont toujours su optimiser les retours de leurs fans et faire évoluer leur concept. On remarque que tous les changements effectués entre le projet numéro un et deux sont dus à ces échanges, qui ont participé à faire mûrir le projet.

Le groupe issu de la génération net a surement intégré les constantes de cette nouvelle époque bien avant que l’industrie ne se rende compte de la gravité de la situation et toutes les questions que nous leur posons à propos des nouveaux usages et schémas liés à l’avènement d’internet leur semblent dépassées et pour eux, ces problématiques ont été intégrées bien avant la constitution des Colt Silvers.

Semi DIY

On a commencé par écrire des morceaux inspirés de BO, et c’est là qu’on rencontre Julien, le boss de notre label. Il jouait dans Plus Guest, un autre groupe du label et nous dit qu’il veut monter son label, et nous demande si nous aimerions y contribuer. On a sorti deux titres pour lui, à la base une petite démo. Le projet lui ayant beaucoup plu, on enregistre un album /concept sur la thématique du cinéma.

Aujourd’hui, un artiste ne peut plus se contenter de ne faire que sa musique. Ça aussi c’est une évidence qui a pourtant bien du mal à être intégrée. Les Colts Silvers, bien que soutenus par un label, gèrent pour la plupart leur communication et participent activement à l’activité du label.

Adeptes de Bandcamp, mais aussi de Twitter qu’ils décrivent comme une sorte d’agenda qu’ils tiennent, “c’est un peu le vis ma vie des Colt Silvers“.

Myspace, mis à part pour faire écouter notre musique, on ne l’utilise plus du tout.”

Facebook reste encore un peu plus répandu que Twitter. Les gens peuvent commenter directement sur une photos, l’échange est plus évident et facile à suivre. On essaye de jouer le jeu. On a souvent des photos improbables, on essaie d’en poster une par semaine et faire deviner aux gens ce qu’il se passait. On essaie aussi de faire basculer les gens sur Twitter mais ce ne sont pas les mêmes personnes qui utilisent l’un et l’autre.

On a pris conscience que ça faisait partie du boulot de musicien. C’est indissociable, on ne peut pas se contenter d’être musicien aujourd’hui. (Nicolas)

On utilise les réseaux sociaux depuis le début. On ne tient pas de blog mais on sait faire et on est très actifs sur la toile. De toute manière, à partir du moment ou tu as un groupe de musique, ce sont des choses qu’il faut savoir faire. (Tristan)

Afin de pouvoir participer pleinement à leur communication et effectuer le travail de community management, le groupe possède un poste au siège du label. Une solidarité s’est installée au sein de celui-ci, qui gère quatre groupes. Un label collaboratif (avec un patron) où chacun se rend service. On met un profil à jour, on le fait pour tous. Chaque groupe représenté participe donc activement à sa promotion, celle de ses colocataires et du label.

Si cette génération de musiciens geeks n’a pas besoin de se forcer pour mettre à jour ses divers comptes internet, ils font tout de même confiance à Julien pour ce qui concerne le business et la négociation.
La double casquette n’est pas aussi apparente pour nous que pour Julien mais on met la main à la patte et ça nous parait assez naturel”.

Le business on ne gère pas assez de paramètres pour pouvoir s’en occuper. C’est Julien qui s’occupe de ça. On s’y intéresse dès que ça touche le groupe mais on a tendance à être vite dépassés.

Questions-réponses

Avez-vous déjà eu des touches à l’étranger ?

“Oui, les premier à nous avoir contactés à la sortie de notre premier album “Night Of The Living Robots” était NMEradio à Londres. On aimerait bien s’exporter un peu plus. On a déjà commencé avec quelques dates en Allemagne. On aime la France mais on voit des fois qu’il y a de meilleurs retours de l’étranger donc à ne pas négliger.”

C’est quoi pour vous la French Touch?

“La French Touch pour nous c’est Daft Punk, Phoenix donc électro et maintenant pop. Je pense notamment à Tahïti 80. Ceux qui ont inventé l’expression avaient surement plus de recul que nous.”

Et le téléchargement illégal, pour vous, ça veut dire quoi ?

“Petite anecdote, on a été très surpris de retrouver notre album sur un site de file-sharing. Comme tout le monde ! Et on était finalement assez contents.”

L’artiste de demain, il devra faire quoi ?

“Essayer d’être le plus visible possible. Il n’y a plus beaucoup de gens qui ont la chance d’avoir quelqu’un qui travaille pour eux. C’est donc indispensable de pouvoir maitriser un maximum de paramètres”.

Retrouvez Le Colt Silvers sur: myspace, twitter, facebook

Crédits photo: tous droits réservés Julien Hermann, Agnan Banholzer

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La guerre des robots aura bien lieu http://owni.fr/2010/12/06/la-guerre-des-robots-aura-bien-lieu/ http://owni.fr/2010/12/06/la-guerre-des-robots-aura-bien-lieu/#comments Mon, 06 Dec 2010 15:07:47 +0000 JCFeraud http://owni.fr/?p=38336 Dimanche sur France Culture, Xavier de La Porte, qui anime l’excellente émission Place de la Toile a longuement cité un papier très fouillé de John Markoff du New York Times sur la robotisation en marche de l’US Army. Il se trouve que j’ai pas mal travaillé sur le sujet il y a quelques temps, lorsque j’étais reporter au service enquêtes de La Tribune. Les machines au service de la guerre me passionnent depuis tout petit, lorsque je lisais les Histoires de Robots de ce bon Docteur Asimov. Avec toutes les questions technologiques, éthiques et philosophiques que cela pose à l’humanité. Je publie donc ici une version actualisée, digest et largement remaniée de plusieurs papiers que j’avais consacré à ces vilains robots tueurs. Et oui, avant de virer totalement Gonzo, j’ai été un journaliste presque sérieux !

Le drone avait surgi […]. Une libellule géante de carbone et de réfractaire noir longue de trois mètres, dotée de deux ailes ultracourtes, d’une dérive et de deux microrotors.D’une batterie de senseurs thermiques.D’un canon rotatif de 14,5 mm […]. Et du sang-froid des machines. Les senseurs étaient en action, les lumières rouges caractéristiques clignotaient sous sa tête bombée d’hydrocéphale tueur […]. II y eut simplement un éclair blanc […]. Et le bruit terrifiant du canon vrilla l’atmosphère.

Dans son roman Babylon Babies (Gallimard, La Noire, 1999), l’écrivain “cyberpunk” Maurice G.Dantec décrivait de manière saisissante l’entrée en action d’un drone de combat dans un futur proche (2013), ravagé par une guerre sans fin. La réalité a largement rattrapé la science-fiction : en Irak, en Afghanistan et ailleurs, l’armée américaine emploie aujourd’hui en permanence plus de 2000 drones, dont les fameux Predator et Global Hawk, pour tenter de débusquer un ennemi insaisissable. Conçus pour l’observation et le renseignement, ces inquiétantes machines volantes servent aussi désormais à des missions léthales: la CIA et le Shin Beth israélien ont utilisé des “drones tueurs” à de nombreuses reprises pour éliminer d’un tir de missile des “terroristes” en vadrouille dans le désert…

Search and destroy ! Ils survolent 24 heures sur 24 le désert irakien ou les montagnes afghanes. Ils gardent les bases, patrouillent dans les zones d’embuscade, déminent les routes, explorent souterrains et bunkers. Ils surveillent en permanence l’avancée des programmes nucléaires iranien et coréen. Dans les airs, sur terre, en mer, ces robots militarisés que l’on appelle aussi “drones” (le mot veut dire “bourdon” en anglais) mènent désormais tous les jours des missions pour le compte de la machine de guerre américaine.

Avions sans pilote “Predator” de General Atomics ou “Global Hawk” de Northrop Grumman; robots terrestres “Sword” (Foster Miller) et “PackBot” (iRobot); drones sous-marins MLRS (Boeing)… Observation, reconnaissance, déminage, logistique, destruction de cible : aucune tâche jusque-là dévolue aux GI en chair et en os n’échappe à ces inquiétants soldats mécaniques. À commencer par les plus dangereuses. Récemment, une compagnie de démineurs de l’US Army a ainsi rendu les honneurs à “Scooby Doo”, l’un des 300 “PackBot tactical mobile robots” en service en Irak, réduit en miettes par l’engin qu’il tentait de désamorcer. Ce petit “PackBot” est l’un des héros du film Démineurs de Kathryn Bigelow…

Soulager les combattants

Désormais, pour les militaires, l’avenir appartient au robot : ce combattant idéal qui obéit toujours aux ordres, ne ressent ni la fatigue ni la douleur, n’a jamais de problème de conscience ni de famille à indemniser. On est encore loin des robots type “Terminator” à apparence humanoïde. Oubliez aussi Intelligence artificielle, le film de Spielberg où les robots ont un “QI” de 150…Mais nous n’avons encore rien vu. Car, en matière de course à l’armement, le lobby militaro-industriel américain ne fait pas les choses à moitié : 160 milliards de dollars ! C’est l’enveloppe faramineuse que le Pentagone a obtenu du président Bush pour développer son programme de robots de guerre « Future Combat System » (FCS).

Du jamais-vu depuis la “guerre des étoiles” du président Reagan. Objectif : équiper en véhicules robotisés 32 brigades de l’US Army et des marines d’ici à 2015 (soit 15% des effectifs) ! Cornaqué par la très secrète Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency), le géant de l’armement Boeing pilote le développement de 18 robots : véhicules de reconnaissance, de transport, de déminage, d’artillerie, de combat et d’assaut… toute la panoplie sera disponible.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

P.W. Singer, spécialiste américain des avancées technologiques de l’armée, s’exprime sur le sujet

Bardés de capteurs, ces engins seront capables de se diriger, d’espionner ou de faire feu sur l’ennemi de manière quasi autonome. Ces “UGV” (pour “véhicules terrestres sans pilote”) recevront leurs ordres des soldats via un super-intranet militaire permettant des communications à haut débit par satellite. La guerre en réseau, que les Américains appellent “Network Centric Warfare” (NCW) et les Français “bulle opérationnelle aéroterrestre” (BOA), a déjà commencé…Pour les militaires, l’utilisation de robots sur le champ de bataille présentede nombreux avantages : “Les drones de combat permettent de concentrer les efforts en soulageant les combattants, en particulier là où le danger est élevé. Ils économisent les moyens […]. Ils assurent une permanence et une disponibilité dont l’homme est incapable pour des raisons physiques”, détaille un officier français enthousiaste sur le site spécialisé Checkpoint Online.

Une libellule au service du fantassin

Transcausasie, 2025 : la guerre du pétrole fait rage. Des soldats français de la “Coalition pour le maintien de l’approvisionnement énergétique” approchent de leur objectif : les faubourgs d’une ville tenue par l’ennemi. La progression en zone hostile s’annonce périlleuse pour la petite troupe… Prudent, le chef de section sort de son treillis un étui de la taille d’un paquet de cigarettes et en extrait un cylindre ovoïde. C’est un “cocon” contenant un microdrone de reconnaissance “libellule”. Une pression du doigt suffit à libérer le petit insecte mécanique de 6 cm d’envergure qui se met aussitôt en vol stationnaire face à son “maître”. Un geste de la main en direction de l’objectif et la “libellule” s’envole pour un aller simple : pendant 20 minutes (autonomie maximum), le combattant, resté bien à l’abri, disposera d’un “oeil déporté” lui transmettant des images en direct des lignes ennemies.

Une fois l’énergie de sa micropile MEMs épuisée, la “libellule” se “crashera” au sol, le sentiment du devoir accompli… “Une de perdue, 10 autres dans la poche”, pensera alors le soldat, satisfait des renseignements collectés par le minuscule robot jetable. Ce scénario du futur n’est pas une vue de l’esprit. Depuis 2004, la Délégation générale pour l’armement (DGA) travaille très sérieusement sur ce projet de “nanodrone” faisant appel au dernier cri de la “microrobotique bioinspirée” : “Le défi est de mettre au point un tout petit drone capable de voler dans une pièce fermée sans se cogner aux murs. Cela suppose une très bonne aptitude au vol stationnaire et un champ de vision à 360 degrés. On s’est vite rendu compte que seule la nature était capable de telles prouesses. D’où l’idée de s’inspirer de la libellule”, explique un responsable du projet à la DGA.

Pour l’heure, la “libellule” ne vole pas encore, mais l’engin mis au point par la startup SilMach pour le compte de la DGA sait déjà battre des ailes comme un véritable anisoptère. “Nous avons implanté, sur chacune de ses 4 ailes, 180.000 muscles en polycristal de silicium du diamètre d’un cheveu, soit autant que sur une vraie libellule ! On arrive à plusieurs dizaines de battements par seconde”, s’enthousiasme l’homme de la DGA. Comme le nanodrone ne pèse que 120 milligrammes, il ne sera pas trop difficile de le faire décoller. Lui apprendre à voir et à naviguer sera une autre histoire. Mais l’expert de la DGA y croit : sa “libellule” pourrait être opérationnelle d’ici vingt ans…

Face à une opinion publique de plus en plus hostile à la guerre, les robots permettent aussi de vendre l’illusion d’un conflit “zéro mort”. On comprend pourquoi les Américains, qui ont déjà perdu plus de 5.000 hommes en Irak, s’y intéressent tant. Mais la motivation est aussi économique : un robot de type “Sword” coûte 250.000 dollars quand un GI revient à 4 millions, de la formation à la retraite ! Enfin, les robots participent à la “guerre psychologique” : au moment de la guerre du Golfe, les soldats irakiens agitaient le drapeau blanc à la seule vue d’un drone survolant leur position…Après avoir fait leurs premières armes sous la bannière US ou dans les rangs de Tsahal (l’armée israélienne), les robots intègrent donc progressivement l’arsenal des grandes armées.Très en retard sur les Américains, l’Europe de la défense a prévu de dépenser 5,5 milliards d’euros dans la recherche sur les drones d’ici à 2012.

Pas d’automatisation

La France n’est pas en reste : entre son programme “BOA” (Thales, GIAT, Sagem) qui prévoit de “numériser” le champ de bataille et le système “Felin” (pour “fantassin à équipement et liaisons intégrés”), le ministère de la Défense a déjà injecté 1 milliard d’euros dans la “guerre du futur”. Concrètement, deux compagnies du 8e RPIMA de Castres et du régiment de marche du Tchad ont reçu en 2007 leurs premières tenues “Félin”. D’autres unités sont équipées progressivement depuis dans les limites des restrictions budgétaires qui frappent le ministère de la défense. Développé par Sagem, ce système comprend des lunettes à intensificateur de lumière intégrées au casque, un système de communication à haut débit permettant d’échanger données et images, un mini-ordinateur portable pour le calcul de coordonnées et de tir et un fusil Famas dont la lunette de visée permettra aussi de filmer la cible… “Félin”, qui sera livré à 31.500 exemplaires à l’armée française, fera de nos bidasses de véritables “cybercombattants” à même de faire équipe avec toutes sortes de machines au sein de la fameuse “bulle”.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

“Big Dog”, un prototype de la firme américaine Boston Dynamics

La Délégation générale de l’armement (DGA) prépare un ambitieux programme de robots terrestres :«En 2012, nous déploierons une unité expérimentale baptisée “Tactic”. Elle comportera 40 fantassins, une douzaine de véhicules, 5 robots terrestres et 3 drones volants.“Tactic” nous permettra de tester le binôme homme-machine en situation opérationnelle », s’enthousiasme un responsable du projet à la DGA. Au menu, toute une gamme de robots montés sur roues ou chenilles allant de 2 kilos à 1 tonne. Ils assureront les missions pénibles (transport de munitions) et dangereuses (reconnaissance en zone ennemie ou contaminée, déminage)…mais ne seront pas armés pour éviter les “bavures”.

Alors verra-t-on un jour des robots attaquer l’ennemi de leur propre initiative ? Côté américain, il est à peu près certain que les “docteurs Folamour” de la Darpa travaillent sur le sujet. Côté français, on se refuse – officiellement – à l’envisager : “Il n’est pas question pour l’armée française de transférer l’automatisme du tir à des machines. Ce serait trop dangereux et c’est aussi une question d’éthique”, assure une source militaire. De toute façon, le “cerveau” des robots est encore trop limité. “Malgré la montée en puissance des systèmes d’armes automatisés, l’homme sera toujours au centre du combat”.

“Lui seul peut prendre les décisions qui s’imposent dans le feu de l’action et cesera encore vrai longtemps”, estime-t-on chez un grand industriel. Aujourd’hui, le vol des drones doit ainsi être minutieusement programmé car ces engins ne savent pas “naviguer” tout seuls. Pour les missions plus délicates, les “Predator” sont même pilotés à distance par des as de l’US Air Force basée à Nellis, dans le Nevada…

Les militaires violent les lois d’Asimov

15 novembre 2001, Afghanistan, un drone “Predator” entre dans l’histoire en pulvérisant d’un tir de missile Hellfire Mohamed Atef, l’un des lieutenants de Ben Laden. Depuis cette première, Américains et Israéliens ont utilisé à maintes reprises ces robots tueurs pour éliminer des “combattant ennemis”. Les militaires ont donc violé les fameuses “lois de la robotique” d’Isaac Asimov…Ce génie de la science-fiction (Un défilé de robots, Le robot qui rêvait, Fondation…) a en effet imaginé trois lois fondamentales auxquelles les robots doivent se conformer en toutes circonstances…

  • Première loi : “Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, en restant passif, laisser cet être humain exposé au danger.”
  • Deuxième loi : “Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la première loi.”
  • Troisième loi : “Un robot doit protéger son existence, du moment que cela ne rentre pas en contradiction avec la première et/ou la deuxième loi.”

Dans l’oeuvre d’Asimov, les robots obéissent aveuglément à ces trois lois…jusqu’au jour où ils arrivent à la conclusion qu’elles sont incomplètes. Ils formulent alors de leur propre chef la “loi zéro” : “Un robot ne peut nuire à l’humanité ni, en restant passif, permettre que l’humanité souffre d’un mal.” Les militaires ont repris à leur compte cette loi ambigüe qui donne le droit aux robots de s’attaquer à l’homme. Mais dans les Robots et l’Empire d’Asimov, l’histoire ne finit pas en “happy end”…

Une chose est sûre, les nations les plus riches feront de plus en plus la guerre par bataillons de drones interposés. Des robots tueurs bardés de capteurs optroniques, de mitrailleuses et de missiles contre des combattants kamikazes armés de kalachnikovs et d’explosifs ? En Irak, en Afghanistan et ailleurs, le choc des civilisations s’annonce de plus en plus “asymétrique”…

Ce billet a initialement été publié sur Mon Ecran Radar, le blog de Jean-Christophe Féraud

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Crédits photo: Flickr CC elbragon, The US Army, rdecom

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Le «journalisme artificiel» est en ligne http://owni.fr/2010/11/14/le-%c2%abjournalisme-artificiel%c2%bb-est-en-ligne/ http://owni.fr/2010/11/14/le-%c2%abjournalisme-artificiel%c2%bb-est-en-ligne/#comments Sun, 14 Nov 2010 11:32:21 +0000 Marc Mentré http://owni.fr/?p=35642 C’était annoncé, c’est désormais chose faite. Les premiers articles entièrement rédigés par des « robots » sont en ligne sur le site de StatSheet. Pour l’instant, ces « journalistes artificiels » ne couvrent que le sport, mais Robbie Allen, le fondateur de cette startup américaine estime que cette technologie pourrait être utilisée à l’avenir dans d’autres domaines.

Dans un article publié par Le Monde en mars 2009, Yves Eudes décrivait Stats Monkey, un programme d’intelligence artificielle développé par un laboratoire d’intelligence artificielle (infolab), rattaché à l’université de Northwestern, à Chicago:

Il [Stats Monkey] travaille automatiquement de A à Z. Il commence par télécharger les tableaux chiffrés publiés par les sites Web des ligues de base-ball, et collecte les données brutes : score minute par minute, actions individuelles, stratégies collectives, incidents… Puis il classe cette masse d’informations et reconstruit le déroulé du match en langage informatique. Ensuite, il va puiser son vocabulaire dans une base de données contenant une liste de phrases, d’expressions toutes faites, de figures de style et de mots-clés revenant fréquemment dans la presse sportive. Il va alors rédiger un article, sans fautes de grammaire ni d’orthographe.Il peut fournir plusieurs versions, rédigées dans un style plus ou moins imagé.

À l’époque, l’article avait suscité une certaine émotion. Pourtant, depuis déjà longtemps, dans l’information financière notamment, les premiers jalons de ce type de synthèse sont posés. C’est le cas à Bloomberg, comme l’expliquait déjà 1999 son fondateur Michael Bloomberg:

Pour certains sujets, nous ne faisons appel ni à des journalistes, ni à des rédacteurs humains. Quand nous décrivons la valeur d’un marché à un moment donné (et non les raisons qui l’ont amené à cette situation), les deux seules choses qui comptent sont la vitesse et la précision — or ce ne sont pas les qualités essentielles de la plupart des gens. (…) Nous avons donc programmé nos ordinateurs pour qu’ils « écrivent » périodiquement une série d’articles informant nos lecteurs de l’état actuel du marché. Par exemple, la machine prend le début de la phrase « L’indice industriel Dow Jones est » et y ajoute « en hause » ou « en baisse » en fonction du résultats de calculs portant sur les mouvements de 30 valeurs entre la veille et la micro seconde où le texte s’écrit. Elle y ajoute ensuite le chiffre adéquat, par exemple de 1 point, 2 points, 3 points, etc. Puis elle imprime: « les titres les plus actifs sont » et à partir du suivi en continu du volume des échanges, elle traduit automatiquement les symboles des téléscripteurs en noms d’entreprises (Procter & Gamble, General Electric, Walt Disney, etc.) et les ajoute à la phrase.

[in Bloomberg par Bloomberg, Village Mondial, 1999, pages 87-88]

Le bot-style

Avec StatSheet, en tout cas, le pas est franchi [le site semble encore instable]. Le « journalisme artificiel » sort du laboratoire et les premiers articles rédigés par des algorithmes sont en ligne, depuis août.

Schématiquement, le procédé est le suivant, explique Allan Maurer de TechJournal South: StatSheet a stocké quelque 500 millions de statistiques, 10.000 données significatives et 4.000 phrases clé. « Les articles [de vingt types différents] sont entièrement auto-générés, explique Robbie Allen, son fondateur. la seule implication humaine est la création de l’algorithme qui permet de générer les articles ». [cité par TechChrunch]

Le résultat est surprenant. Le style est rugueux, direct et les articles bourrés de chiffres et de statistiques. « 70% du contenu sportif est basé sur des statistiques, explique Allen. Notre technologie passe par les stats, permet de faire une tonne d’analyses, et de les injecter dans des articles que l’on peut publier [Allen dit "split" - "cracher"] rapidement ». Voici un exemple:

Michigan State basket ouvrira la saison 2010-2011 contre Eastern Michigan le 12 novembre à East Lansing. Les attentes sont élevées pour les Spartans qui ont réalisé une excellente performance la saison dernière. Ils ont conservé 72% de leurs joueurs de la saison dernière. Ils ont complété [leurs effectifs] avec 3 recrues parmi les 100 meilleures et un étudiant de première année… [lire la version originale ici]

Le site ne se réduit pas à cette seule innovation technologique. Il offre un contenu que ne peut pas couvrir un média traditionnel, puisqu’il s’agit en fait d’un portail qui assure la couverture de l’actualité de 345 équipes de basketball américaines, de 1ère division ou universitaires. Chacune d’elle bénéficie aussi d’un compte Twitter, d’une page Facebook et d’une application mobile, offrant aux supporters une couverture complète [au moins en matière de statistiques] de leur équipe favorite.

Il est probable que le « journalisme artificiel », dont on voit bien avec l’exemple de StatSheet les limites, ne se substitue pas au « journalisme traditionnel », mais qu’il le complète, en le libérant des tâches mécaniques comme la compilation de statistiques, et l’enrichisse. Sur ce point, on ne peut que reprendre l’affirmation de Michael Bloomberg : « Dès le début, nos journalistes ont été trop précieux pour se voir confier des tâches mécaniques ».

Crédit photos cc FlickR : Don Solo, Gastev.

Article initialement publié sur Media Trend.

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Vendredi c’est Graphism ! S01E04 http://owni.fr/2010/09/03/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s01e04/ http://owni.fr/2010/09/03/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s01e04/#comments Fri, 03 Sep 2010 07:00:52 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=26776 Bonjour et bon vendredi!

Voici le quatrième épisode de “Vendredi c’est Graphism” et j’en profite pour vous remercier de suivre cette petite chronique :-) Cette semaine, l’actualité en design & graphisme a été plutôt intéressante, le choix a donc été difficile. Au programme, je vous présente le fabuleux travail 3D de Yum Yum, la publication des vidéos du Webdesign International Festival (le WIF), des astuces sous forme de schémas pour bien hacker votre quotidien, une petite revue du futur de la robotique… en 1930, un petit film sur les écrans du futur et les deux WTF de la semaine :-) C’est parti !

On commence donc avec un fantastique travail graphique et vraiment très coloré. Réalisées par l’agence londonienne Yum Yum ces illustrations imitent parfaitement des décors en papier pris en photo, alors qu’il s’agit en fait d’images 3D. On appréciera l’univers fantaisiste proche de la nature mais également le soucis du détail, le tout dans un esprit un peu “low-tech” :)

3481753040 Le fabuleux travail de Yum Yum !

0352563005 Le fabuleux travail de Yum Yum !

9667958526 Le fabuleux travail de Yum Yum !

2917899051 Le fabuleux travail de Yum Yum !

Cette semaine, c’est avec plaisir que j’ai pu retrouver les vidéos du WIF 2010, le Webdesign International Festival auquel j’ai pu participer cette année. On y retrouve donc des conférences passionnantes sur le design, les stratégies du web, les interfaces… avec notamment Nicole Pignier, Rémy Bourganel, Jean-Noël Portugal, Michael Chaize, Étienne Mineur, Shigeru Inatomi, Yann Chevalier et bon nombre de designers, de directeurs d’agence, de sociologues… :)

Les résumés des conférences sont sur mon blog Graphism.fr et les vidéos sur le blog du WIF.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Voici les 35 conseils pour hacker votre quotidien ! Sous forme d’affiche illustrée dans un grand format, vous découvrirez ainsi 35 conseils dans l’esprit du hacking et du “Do it yourself”. Vous saurez donc ouvrir une porte avec un élastique, trouver du wifi libre dans un aéroport, déverrouiller les chaînes pour adultes dans les hôtels, voir dans le noir… Pratique -voire indispensable- pour la survie au XXIe siècle  ;-)

[via]

Voici une vidéo “souvenir” du futur de la robotique imaginé dans les années 30. Ce court film présente la vision des robots à l’époque où ils n’existaient pas encore vraiment. Leurs actions prêtent souvent à sourire mais questionnent malgré tout sur l’utilité que nous avons aujourd’hui de certains robots-gadgets ultra perfectionnés mais bien souvent inutiles. Les robots changeraient plus vite que les hommes ? ;-)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

On reste dans le futur… mais cette fois-ci en 2010. TAT a publié il y a quelques jours une vidéo qui condense l’imagination des ingénieurs & des designers, de leur équipe, sur le futur des écrans. On y voir donc des double-écrans, des écrans malléables, des écrans reliés à des miroirs, des écrans en i-ink, des écrans à rétroaction tactile, des écrans holographiques voire stéréoscopiques… Le tout avec des interfaces tout en typographie ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Apple deviendrait-il un peu kitsh ? C’est la question qui se promène un peu sur twitter…  En effet, quelle ne fut pas la surprise de beaucoup en découvrant l’image pour télécharger la nouvelle version d’iTunes, iTunes 10. Tout en effets, reflets et dégradés “too much” dans la typographie du mot “iTunes 10″, bouton bombé, icône avec un effet glossy et pictogramme avec un halo, bref tout ce mélange en même temps donne ce résultat :

Kitsh ? Ringard ? En avance sur son temps ? ;-)

… Et l’on finira sur le WTF graphique & musical du vendredi, il manque un peu de Comic Sans mais on appréciera les gif animés des débuts d’Internet, c’est très entrainant, alors accrochez vous !

Sur ce, bon vendredi et à la semaine prochaine :-)

Geoffrey

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Robots Rock! http://owni.fr/2010/05/20/robots-rock/ http://owni.fr/2010/05/20/robots-rock/#comments Thu, 20 May 2010 14:50:42 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=16167 Cliquer ici pour voir la vidéo.

R2D2, C3PO, Wall-E, les énergumènes de Forbidden Planet, les amis teutons de Kraftwerk et plein d’autres réunis dans ce démentiel mash-up.

Car après tout, comme chacun sait, R2D2 est le personnage le plus intéressant de toute la saga Star Wars.

Son mélange d’effronterie mutine, de second degré bravache et de crânerie casse-cou en font un personnage finalement plus attachant que l’insupportable Anakin Skywalker ou l’inutile Jar-Jar Binks.

Il manquait donc une oeuvre à la mesure de l’Astrodroïde de Naboo. Oubli réparé.

Allez faire un tour sur l’excellent Eclectic Method, spécialiste des mash-ups, mixtapes, et autres recréations.

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